Nouvelles hyperlocales et enquêtes de fond, plusieurs sites et journaux ont été créés avec succès ces dernières années au Royaume-Uni, au niveau d’une ville ou d’un quartier, pour lutter contre les déserts médiatiques.
Installée au deuxième étage d’un magasin de meubles de l’est londonien, « The Slice » rapporte ainsi depuis 2018 la vie de Tower Hamlets, l’un des quartiers les plus divers mais aussi des plus défavorisés du pays.
Outre son journal papier, ses quatre sites web scrutent l’actualité de quatre zones de ce quartier de 300.000 habitants, allant du financement d’une banque alimentaire à l’ouverture d’un nouveau café.
Alors que de nombreux journaux locaux ont fermé dans le pays, « The Slice » défend un « modèle de journalisme local financièrement viable dans des zones défavorisées », explique à l’AFP Tabitha Stapely, sa fondatrice et rédactrice en chef.
Publié par une organisation à but non lucratif qu’elle a fondée, « The Slice » est financé par près de 500 abonnés, lecteurs et entreprises locales, ce qui lui permet de rester gratuit pour les autres. Quelque 8.000 personnes reçoivent ses newsletters.
« Ce qui me passionne le plus, c’est que nous essayons quelque chose de nouveau », souligne Agatha Scaggiante, rédactrice en chef adjointe et seule employée à temps plein aux côtés de Stapely.
L’existence d’un telle publication redonne de l’espoir dans un pays où 4,8 millions de personnes vivent « dans une zone sans couverture médiatique locale dédiée », ou « désert médiatique », indique Jonathan Heawood, directeur général de la fondation Public Interest News (PINF).
Selon le magazine spécialisé Press Gazette, près de 300 journaux locaux britanniques ont fermé entre 2005 et 2024, affectés par une baisse de leurs audiences et donc de leurs revenus.
Le modèle actuel des sites d’information locale, avec des actualités souvent noyées sous les publicités, « n’inspire et n’implique pas » les lecteurs, souligne Heawood.
De ce fait, les 1.200 médias locaux encore existants sont confrontés à des difficultés économiques.
Ils ont pourtant « d’énormes bénéfices sociaux » défend-t-il. Ils permettent d’informer les habitants sur leurs institutions et processus démocratiques locaux, tendent à réduire la polarisation et suscitent un sentiment de « fierté ».
– « Trop beau pour être vrai » –
Dans de grandes villes comme Sheffield, Liverpool ou Glasgow, le groupe Mill Media explore un autre type de journalisme local, avec des enquêtes approfondies et des longs formats traitant aussi bien de la culture locale que de la corruption.