La Douma, la Chambre basse du Parlement russe, s’est penchée, lundi 1er juillet, sur un thème de société jugé brûlant : la lutte contre le « satanisme ». Députés, prêtres orthodoxes, propagandistes se sont réunis à Moscou pour cerner les contours de ce mal, une forme d’extrémisme selon eux. Baptisée « table ronde », la réunion était conduite par le général Vladimir Chamanov, député d’Oulianovsk, un ancien commandant des forces russes pendant les deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 puis 1999-2009), connu pour sa brutalité envers les civils.
La séance a débuté par la projection d’une vidéo mettant en garde contre les accessoires dits « diaboliques » : pendentifs en forme de pentagramme, masques et costumes « démoniaques », épingles à cheveux en forme de « cornes du diable ». Il n’y a pas eu de débat, car tous étaient d’accord. « Nous avons besoin d’une position ferme, pas de discussions, mais une interdiction complète de toutes les organisations qui font la promotion des idéologies terroristes, extrémistes et destructrices », a souligné la députée Olga Timofeeva.
Le diable sur le front ukrainien
Une liste a été dressée, qui comporte les personnes LGBT, les défenseurs du droit à l’avortement, les membres de l’unité Azov des forces armées ukrainiennes, Meta (la maison mère de Facebook et Instagram), la série de films d’animation Tchebourachka et d’autres encore. « Les phénomènes infernaux se multiplient et menacent directement la sécurité nationale », s’est alarmée Mme Timofeeva. D’ailleurs, « à huit reprises déjà, les forces occultes ont empêché la Douma d’adopter une loi contre ce mal », a-t-elle constaté. La Chambre basse serait-elle contaminée ? Car le diable se niche partout, notamment sur le front de l’Ukraine, où « le personnel militaire russe trouve des objets sataniques dans les tranchées ».
Les propos de la députée ont été adoubés par le président de la commission patriarcale de l’Eglise orthodoxe russe pour la maternité et l’enfance, le prêtre Fiodor Loukianov. Le satanisme, a-t-il souligné, doit être combattu « pour assurer la protection et la sécurité non seulement des générations actuelles, mais aussi de celles à venir ».
Les participants se sont félicités de ce que les autorités ne restent pas inactives. Le contrôle a été renforcé dans le domaine de l’information, et des lois ont été adoptées sur les « fausses nouvelles » et sur le « discrédit » de l’armée, qui ont déjà permis d’envoyer des centaines d’opposants russes en prison. L’éducation patriotique doit être renforcée, ont estimé les participants, notamment à travers les cours dispensés dans les écoles et les collèges par des contractuels de retour du front. « Comme le dit notre président, aujourd’hui, ce sont les enseignants et non les chefs militaires qui gagnent les guerres », a rappelé la députée Timofeeva à la fin de la séance.