En 1982, c’est avec l’idée de faire un parc pour le XXIe siècle que Bernard Tschumi met sur papier son système de points, de lignes et de surfaces, qui lui vaudra de remporter le concours du site de La Villette. Les vingt-six « folies », petites architectures rouges, chacune dotée d’une personnalité propre, sont les ponctuations de cette partition souple et virevoltante comme une toile de Vassily Kandinsky, qui scelle joyeusement les noces entre nature et culture. Ni la Cité de la musique, de Christian de Portzamparc (1995), ni la Philharmonie de Paris, de Jean Nouvel (2015), ni aucune des constructions qui se sont érigées depuis ne leur ont jamais fait de l’ombre.
Ces balises, qui font l’identité du lieu, ont facilité, au contraire, l’intégration de bâtiments imposants, pour ne pas dire gesticulants, à ce qui a fini par former, avec le Zénith, de Chaix et Morel (1984), la Géode, d’Adrien Fainsilber et Gérard Chamayou (1985), une belle collection d’architecture. Aussi remarquable soit-elle, elle n’en restait pas moins ancrée dans une période aujourd’hui révolue, déconnectée des enjeux qu’ont brutalement imposés l’urgence climatique, ainsi qu’un contexte général de crise et de remise en question des hiérarchies traditionnelles.
Bâtiment de bureaux
Deux projets viennent aujourd’hui la mettre au goût du jour : un bâtiment de bureaux et une collection de pavillons spécialement réalisés pour les Jeux olympiques et paralympiques, afin d’accueillir les différentes fédérations sportives. Réalisé par Anne-Cécile Comar et Philippe Croisier, de l’Atelier du Pont, le premier héberge, depuis quelques mois, les équipes du Parc des expositions, qui étaient restées cantonnées, depuis l’inauguration du site au milieu des années 1980, dans des bâtiments en préfabriqué.
![Dans le Pavillon Jardins, un bâtiment de bureaux conçu par l’Atelier du Pont, à Paris-La Villette, en mai 2024.](https://img.lemde.fr/2024/06/13/0/0/7582/5055/664/0/75/0/e5735a7_1718289838395-22-atelier-du-pont-architectes-pavillon-jardins-paris-la-villette-a-vincent-leroux-ldd.jpg)
Situé à la lisière du parc, sur la parcelle qu’occupaient historiquement ces vieux baraquements, ce lumineux ouvrage répond à des principes de construction bioclimatique : une structure en bois porteuse d’une façade en verre ; un système de ventilation naturelle ; un mobilier (partiellement) conçu à partir de matériaux de réemploi ; une noue creusée tout autour du bâtiment pour irriguer les sols et favoriser la biodiversité… Les architectes ont travaillé avec le paysage de végétation sauvageonne, qui foisonne tout autour du bâtiment, qui tend toutes les perspectives depuis l’intérieur. Les feuillages des grands arbres et des arbustes qui s’élèvent à leurs pieds servent de toile de fond à tous les espaces de travail et d’écrin aux nombreuses terrasses qui les prolongent à l’extérieur, créant pour les usagers le sentiment d’être plongés dans un sous-bois enchanteur.
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