Au Mexique, on appelle cela un « ranch ». Une petite maison en brique avec un toit de tôle, un enclos pour les animaux, encerclé par un mur de 2 mètres de haut. Ce ranch, baptisé Izaguirre, un nom gravé sur son portail, se trouve à un peu plus d’une heure de route de la deuxième ville du Mexique, Guadalajara, la capitale de l’Etat du Jalisco, mondialement connue pour sa tequila et tristement célèbre pour compter le plus grand nombre de disparus du Mexique.
Dans cette ferme d’un demi-hectare, le collectif Guerreros Buscadores (« les guerriers qui cherchent ») a découvert un stigmate macabre de la tragédie nationale que constituent les 124 002 disparus du pays, dont 89 % sont introuvables depuis 2006 et le début de la guerre contre les narcotrafiquants lancée par l’ex-président Felipe Calderon (Parti Action nationale, droite). « Il y avait d’abord un grand nombre d’habits, de chaussures, de sacs à dos », raconte au téléphone Ulises Ruiz, un photographe de l’Agence France-Presse à Guadalajara qui a pénétré dans le ranch Izaguirre avec le collectif, le 2 mars.
Un total de 492 vêtements ont été décomptés par le parquet du Jalisco, dont 140 pantalons, 109 tee-shirts et trois jupes. Cent quarante-deux sacs à dos ont aussi été découverts. Les experts en scènes de crime n’ont pas encore eu le temps de photographier les près de 200 paires de chaussures, déjà recensées par le collectif, qui avait décidé de fouiller le ranch Izaguirre, après une dénonciation anonyme.
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