INTERNATIONAL – Encore beaucoup de questions, quelques hypothèses mais aucune réponse définitive. La découverte d’une deuxième boîte noire de l’avion d’Azerbaïjan Airlines dont le crash a fait 38 morts au Kazakhstan mercredi 25 décembre doit permettre d’en apprendre davantage sur les circonstances du drame.
Le crash de l’avion Azerbaïjan Airlines au Kazakhstan causé par la Russie ? L’hypothèse se renforce
Comme le rapporte CNN ce vendredi 27 décembre, cette deuxième boîte noire de l’appareil a été découverte deux jours après l’accident mortel, imputé selon certaines hypothèses à la Russie. L’analyse des données de l’appareil devra permettre d’éliminer ou de confirmer les différentes théories évoquées ces dernières heures, au moment où l’Ukraine estime que la Russie « doit être tenue pour responsable ».
La compagnie aérienne Azerbaïdjan Airlines a toutefois avancé l’idée ce vendredi que le crash de l’avion était dû à une « interférence externe, physique et technique », selon les résultats préliminaires de l’enquête.
· La défense anti-aérienne russe a-t-elle fauté ?
Les accusations ukrainiennes s’appuient sur cette idée. Car les premières informations pointaient vers la responsabilité d’un système russe de défense antiaérienne, comme l’affirmait jeudi un responsable américain s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
L’Azerbaïdjan pense également qu’un missile russe est à l’origine du crash, selon les médias azerbaïdjanais et internationaux citant des sources anonymes au sein du gouvernement. Selon cette version, l’appareil Embraer 190 aurait été touché en s’approchant de Grozny, et aurait poursuivi son vol vers le Kazakhstan, où il s’est finalement écrasé.
Une version que Moscou refuse de commenter, évoquant « l’enquête en cours » pour garder le silence. Toutefois, l’agence russe de l’aviation civile Rosaviatsia a indiqué ce vendredi que « des drones militaires ukrainiens menaient des attaques terroristes contre des infrastructures civiles dans les villes de Grozny et Vladikavkaz » le jour du crash, rendant la situation la situation à l’aéroport de Grozny « très difficile » ce jour-là. De quoi renforcer l’idée d’une manœuvre russe, même accidentelle, pour intercepter d’éventuels drones des forces ukrainiennes dans cette région.
· Des oiseaux ou un ballon en cause ?
Dans un premier temps, Azerbaïjan Airlines avait affirmé que l’avion avait percuté une nuée d’oiseaux, avant de retirer cette information. Une version reprise le jour du crash par Rosaviatsia, avant que le porte-parole du Kremlin se montre plus prudent en indiquant qu’il « serait inapproprié d’émettre des hypothèses avant les conclusions de l’enquête ».
Interrogé par l’AFP, Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) ne croit pas à la responsabilité des volatiles, estimant que des impacts d’oiseaux sur la structure, « ça n’empêche pas l’avion de voler ».
De son côté, le département régional du ministère kazakh de la Santé a lui fait état de « l’explosion d’un ballon » à bord de l’appareil. De multiples théories, qui ne sont pas sans rappeler le drame du MH17, cet avion de la Malaysia Airlines détruit mystérieusement au-dessus de l’Ukraine en 2014, mais dont l’explosion est imputée par la justice néerlandaise au tir d’un missile russe.
· Pourquoi l’avion a-t-il changé de trajectoire ?
Cet avion assurait mercredi un vol entre Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, et Grozny, capitale de la république caucasienne russe de Tchétchénie. Pourtant, l’appareil s’est écrasé de l’autre côté de la mer Caspienne, près du port d’Aktaou dans l’ouest du Kazakhstan, situé très à l’est de sa destination initiale.
L’agence de l’aviation civile russe avait indiqué mercredi qu’« en raison d’une situation d’urgence à bord de l’avion, son commandant avait décidé de se rendre vers un autre aérodrome ». « Le commandant de bord a fait deux tentatives d’atterrissage à Grozny, qui ont échoué. D’autres aéroports lui sont proposés. Il décide de se rendre à l’aéroport d’Aktaou », au Kazakhstan, a aussi précisé le patron de l’agence russe.
CNN cite aussi les médias d’État russes, selon qui, l’avion avait été dérouté à cause d’un épais brouillard à Grozny. Des questions auxquelles la seconde boîte noire permettra peut-être de répondre. Car ce changement de trajectoire, quelle qu’en soit la cause, se présente comme « une grosse inconnue » dans cette affaire, comme l’avance Jean-Paul Troadec.
Par ailleurs, le site Flightradar24 a indiqué que l’appareil avait subi durant son vol « d’importantes interférences GPS ». L’avion a un temps « cessé d’envoyer des données de positionnements » puis a envoyé des données « probablement fausses », avant que la situation ne revienne à la normale, affirme le site de suivi des vols aériens.
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