Le FBI a dit estimer, jeudi 2 janvier, que l’homme qui a foncé sur la foule au volant d’un pick-up dans la nuit de mardi à mercredi dans le Quartier français de La Nouvelle-Orléans, avait agi seul. « Nous n’estimons pas à ce stade que d’autres personnes étaient impliquées dans cette attaque, à l’exception de Shamsud-Din Jabbar », le suspect décédé, a dit Christopher Raia, un haut responsable du FBI, lors d’une conférence de presse, alors que dans un premier temps la police fédérale estimait que le suspect de l’attaque aurait agi avec de « potentiels complices ».
Quatorze personnes ont été tuées, selon le dernier bilan du FBI. Un bilan précédent faisait état de 15 morts, mais il incluait l’auteur présumé de l’attaque.
LaToya Cantrell, maire de la ville, a rapidement déclaré qu’il s’agissait d’une « attaque terroriste », tandis que la cheffe de la police de La Nouvelle-Orléans, Anne Kirkpatrick, excluait l’hypothèse d’un chauffard en état d’ébriété. Le FBI a depuis précisé qu’il traitait l’affaire « avec les autres services de police comme un acte de terrorisme ».
L’assaillant a été abattu dans une fusillade avec la police. Il a été identifié comme s’appelant Shamsud-Din Jabbar, un ancien militaire américain de 42 ans, né au Texas. Il a servi dans l’armée de 2007 à 2015, avec notamment un déploiement en Afghanistan de 2009 à 2010, terminant sergent-chef, selon le ministère de la défense.
Le FBI a également annoncé avoir retrouvé un drapeau du groupe Etat islamique (EI) dans le véhicule utilisé par l’assaillant, qui avait prêté allégeance à l’organisation terroriste. Deux engins explosifs artisanaux découverts dans la voiture et dans le quartier ont également été désamorcés.
Joe Biden a dit que, « quelques heures à peine avant l’attaque » à La Nouvelle-Orléans, le suspect avait « publié sur les réseaux sociaux des vidéos indiquant qu’il était inspiré par l’Etat islamique ». Ces vidéos témoignent aussi d’un « désir de tuer », a ajouté le président américain, qui a précisé tenir ces informations du FBI, dans une allocution de la résidence de Camp David, proche de Washington.
Le frère du suspect a affirmé au New York Times qu’il s’était converti à l’islam à un jeune âge, soulignant que « ce qu’il a fait ne représente pas l’islam. Il s’agit plutôt d’une forme de radicalisation ». Un ami de jeunesse qui l’avait retrouvé en 2017 a confié au journal que le rapport à la foi du suspect était devenu « vraiment intense ».
Le véhicule a foncé dans la foule à « grande vitesse »
Le conducteur a essayé d’« écraser le plus de personnes qu’il pouvait » et « était farouchement déterminé à provoquer un carnage », a souligné au préalable la cheffe de la police de La Nouvelle-Orléans. « L’auteur des faits a tiré sur nos agents de son véhicule quand il a été accidenté. Deux d’entre eux ont été touchés. Leur état est stable », a ajouté Anne Kirkpatrick.
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Les faits se sont produits vers 3 h 15 (10 h 15 à Paris) dans une zone bondée, en pleines célébrations du Nouvel An, entre Canal Street et Bourbon Street, un quartier renommé pour ses restaurants, ses bars, ses clubs de jazz et des lieux fréquentés par la communauté LGBTQ+. Selon la police, l’auteur des faits a contourné un barrage avant de se diriger vers la foule. Un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) a vu le véhicule accidenté qui avait été transformé en arme : un pick-up Ford F-150, très répandu aux Etats-Unis, dans une version électrique.
Selon des témoins cités par CBS News, le véhicule a foncé dans la foule à « grande vitesse » avant que son conducteur n’en sorte et ouvre le feu. « Une fois qu’il nous a dépassés, nous avons entendu des coups de feu, nous avons vu la police courir dans cette direction. Une fois que les coups de feu ont cessé (…), nous sommes sortis dans la rue et nous avons rencontré beaucoup de personnes qui avaient été touchées, nous voulions voir ce que nous pouvions faire pour les aider », a raconté l’un d’eux. Un autre témoin, Zion Parsons, cité par CNN, a parlé d’une « zone de guerre ».
« Un acte de violence atroce »
Les autorités américaines cherchent à savoir si l’attaque à La Nouvelle-Orléans et l’explosion d’un Tesla Cybertruck devant un hôtel Trump de Las Vegas, survenue aussi mercredi, sont liées, a déclaré Joe Biden, affirmant que rien ne le corroborait « jusqu’à présent ».
Les véhicules en cause dans les deux incidents avaient été loués par l’intermédiaire de l’application de covoiturage Turo, une « coïncidence (…) que nous devons continuer à examiner », a dit Kevin McMahill, shérif de Las Vegas.
Le président américain avait déclaré, plus tôt, que les Etats-Unis ne toléreraient « aucune attaque » contre leurs habitants : « Rien ne justifie la violence, quelle qu’elle soit, et nous ne tolérerons aucune attaque contre les populations de notre pays. » De son côté, le président élu, Donald Trump, a établi, sans preuve, un lien entre l’immigration illégale et l’attaque.
Jeff Landry, le gouverneur de la Louisiane, a dénoncé un « acte de violence atroce » et annoncé que les familles des victimes pouvaient se rendre dans un centre médical servant de point de ralliement, afin d’être informées au plus vite. En France, Emmanuel Macron a réagi sur le réseau social X : « Nos pensées vont aux familles des victimes et aux blessés [de La Nouvelle-Orléans], si chère au cœur des Français. »
« Le pape François a été profondément attristé d’apprendre que des personnes avaient été tuées et blessées dans l’attaque ayant eu lieu à La Nouvelle-Orléans », affirme le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, dans un télégramme adressé à l’archevêque de la ville. Le pape assure également La Nouvelle-Orléans de sa « solidarité spirituelle » et lui adresse sa « bénédiction ». La Chine s’est dite jeudi « choquée » par le drame et a adressé ses condoléances aux familles endeuillées, affirmant qu’elle s’opposait « fermement à tout acte de violence ou de terrorisme visant des civils ».
La ville est l’une des destinations les plus visitées des Etats-Unis et l’incident s’est produit peu de temps avant un grand match de football américain, le Sugar Bowl, opposant les équipes des universités de Géorgie et de Notre-Dame. La rencontre a finalement été reportée à jeudi.
Selon la municipalité, les effectifs de police avaient été renforcés pour le Nouvel An. Les forces de l’ordre locales disaient être « au complet » et épaulées par 300 agents supplémentaires « provenant d’organismes partenaires chargés de l’application de la loi », notamment à cheval et dans le cadre de patrouilles banalisées.