L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté en Algérie « il y a plus d’une semaine » dans des conditions obscures, n’a pas encore été auditionné par un procureur, a annoncé lundi 25 novembre son avocat, François Zimeray, mandaté par les éditions Gallimard.
« Il n’y a pas eu de comparution aujourd’hui », a déclaré sur BFM-TV M. Zimeray, qui comptait pourtant sur une audience dans l’après-midi. « On en saura plus demain », a-t-il ajouté, expliquant recevoir des « informations contradictoires ».
L’avocat avait auparavant annoncé sur RTL n’avoir « aucune nouvelle précise » sur l’état ou les conditions de détention de l’écrivain âgé de 75 ans, en lutte contre le fondamentalisme religieux et l’autoritarisme.
« La meilleure façon de confirmer ce qu’il dit, c’est de le maintenir en prison. Donc, si l’Algérie n’est pas une dictature, libérez-le », a-t-il lancé sur BFM-TV, estimant que « le risque de perpétuité est réel pour [le] type d’infraction » qui lui serait reproché.
Son arrestation pourrait être liée à des déclarations polémiques récentes faites au média français d’extrême droite Frontières. Il y reprenait à son compte la version marocaine d’un royaume amputé par la France coloniale du XIXe siècle d’une partie de ses territoires au bénéfice de ce qui devait devenir bien des décennies plus tard l’Algérie. Pour Alger, il s’agirait d’une « ligne rouge » qui pourrait valoir à l’auteur des accusations d’« atteinte à l’intégrité nationale ».
Contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie
« J’attends avec impatience qu’une équipe de défense algérienne de confrères, avec qui je pourrai me mettre en rapport, soit constituée et c’est pour ça que je suis en relation avec le bâtonnier d’Alger », a poursuivi M. Zimeray.
Interrogé sur ce qu’il attend des politiques et du gouvernement français, l’avocat a jugé qu’il fallait « éviter à ce stade d’en faire au maximum ». « Certains ont voulu faire de Boualem Sansal, et de cette arrestation, l’occasion d’un irritant de plus dans la relation franco-algérienne. Et le rôle de sa défense aujourd’hui, c’est évidemment de ne rien faire qui aille dans ce sens », a insisté M. Zimeray. « Ce n’est pas seulement une dimension franco-algérienne, cela doit interpeller des intellectuels du monde entier » et « cela doit être aussi un sujet algérien, traité en droit algérien, et qui interpelle la société algérienne, qui mérite mieux que cela », a-t-il fait valoir.
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Lundi, l’auteur a reçu le soutien de l’Académie française, qui espère le voir « libéré sans délai », et de l’Académie des sciences d’outre-mer, qui « demande qu’il retrouve sans délai sa liberté de mouvement et d’expression ».
Vendredi, l’agence de presse gouvernementale algérienne APS avait confirmé « l’arrestation » de l’écrivain, sans préciser de date. Selon plusieurs médias, Boualem Sansal aurait été arrêté le 16 novembre à l’aéroport d’Alger, en provenance de France. Ces événements surviennent dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, depuis l’appui de Paris au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental, à la fin de juillet.