vendredi, mai 10

Emmanuel Macron veut « ouvrir le débat » autour de la défense européenne, comprenant notamment l’utilisation de l’arme nucléaire française.
« Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible », a plaidé le chef de l’État ce samedi.

L’arme nucléaire française au service de l’Europe ? Le président de la République Emmanuel Macron s’est de nouveau dit prêt à « ouvrir le débat » d’une défense européenne qui comprendrait aussi l’arme nucléaire. « Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine », a déclaré le chef de l’État, dans un entretien avec des jeunes Européens publié par les journaux du groupe Ebra, samedi 27 avril.

« Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible », a encore insisté Emmanuel Macron, qui prévient toutefois que la France gardera « sa spécificité ». « Mais elle est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen », a-t-il affirmé.

Il y a une dimension européenne dans nos intérêts vitaux

Emmanuel Macron

Depuis le Brexit et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la France est le seul des 27 États membres à disposer de la dissuasion nucléaire. Lors de son discours sur l’Europe jeudi 25 avril à la Sorbonne, le Président avait déjà plaidé pour une « Europe puissance » et la constitution d’une Europe de la défense « crédible » aux côtés de l’Otan et face à la Russie, devenue beaucoup plus menaçante depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022.

« Cela peut signifier déployer des boucliers antimissiles, mais il faut être sûr qu’ils bloquent tous les missiles et dissuadent de l’utilisation du nucléaire », a expliqué Emmanuel Macron. « Être crédible, c’est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes. Et il y a l’arme nucléaire : la doctrine française est qu’on peut l’utiliser quand nos intérêts vitaux sont menacés. J’ai déjà dit qu’il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette dissuasion concourrait à la crédibilité de la défense européenne. »

Lors de son discours à la Sorbonne, le chef de l’État avait déjà abordé cette question de l’arme nucléaire française, qui revient régulièrement dans les discussions sur la défense européenne. « La dissuasion nucléaire est en effet au cœur de la stratégie de défense française. Elle est donc par essence un élément incontournable de la défense du continent européen », avait-il déclaré.

La construction d’une Europe de la défense est depuis très longtemps un objectif de la France, mais elle s’est souvent heurtée aux réticences de ses partenaires qui jugeaient plus sûr le parapluie de l’Otan. Le possible retour à la Maison Blanche de Donald Trump relance toutefois le débat sur une autonomie européenne en matière de défense.


I.N avec AFP

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