Ariane-6 lancé avec succès, mercredi 17 décembre, deux satellites du programme européen Galileo, un quatrième vol commercial pour la fusée lourde européenne, symbole de l’accès à l’espace retrouvé, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
« Les satellites SAT33 et SAT34 ont été placés sur une orbite terrestre moyenne à une altitude d’environ 22 922 km. Leur séparation a eu lieu trois heures et cinquante-cinq minutes après le décollage » du centre spatial de Kourou, en Guyane française, s’est félicité Arianespace dans un communiqué.
La fusée s’est élancée dans la nuit tropicale comme prévu à 2 h 01 (6 h 01 à Paris), bénéficiant d’une météo clémente malgré la saison des pluies de ce territoire français en Amérique du Sud, proche de l’équateur. Quelques secondes après son décollage, Ariane-6 disparaissait sous l’épaisse couverture nuageuse.
Montée en puissance de l’Europe spatiale
SAT33 et SAT34, des engins de nouvelle génération, portent à 34 le nombre de satellites de la constellation Galileo, système européen de navigation par satellite, équivalent et concurrent du GPS américain, conçu pour offrir une géolocalisation civile précise et indépendante. Ils vont servir à « améliorer la précision, la disponibilité et la robustesse du système mondial de navigation par satellite de l’Union européenne », selon Arianespace.
Pour David Cavaillolès, président exécutif d’Arianespace, « ce nouveau succès d’Ariane-6 marque une étape importante dans la montée en puissance de l’Europe spatiale ». Cité dans le communiqué, il a estimé que le lanceur avait « de nouveau démontré sa fiabilité et sa précision ».
Grâce à l’emploi de la double-fréquence, Galileo offre une précision de positionnement en temps réel de l’ordre du mètre à plusieurs milliards d’usagers dans le monde entier. C’est la plus grande initiative d’infrastructures de l’Union européenne, destinée à garantir l’autonomie stratégique et la souveraineté. Les précédents satellites pour Galileo ont été principalement lancés par Ariane-5 et les fusées russes Soyouz au départ de Kourou.
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la fin de la coopération autour du lanceur Soyouz, en 2022, l’Europe s’est retrouvée sans accès autonome à l’espace pendant plusieurs mois, en l’absence d’Ariane-5, retirée en 2023, et avant la mise en service d’Ariane-6, dont le vol inaugural a eu lieu en juillet 2024.
Dans ce contexte exceptionnel, l’Agence spatiale européenne a noué un contrat avec SpaceX, qui a lancé deux satellites Galileo à bord de Falcon-9 en septembre 2024 du Kennedy Space Center, en Floride, pour éviter une rupture dans le déploiement de la constellation.
Trois premiers lancements commerciaux réussis
A la mi-septembre, Arianespace avait révisé à la baisse, à quatre contre cinq auparavant, le nombre de lancements commerciaux d’Ariane-6 en 2025, tout en promettant de « plus ou moins » doubler ce chiffre en 2026.
Depuis le début de l’année, elle a réussi ses trois premiers lancements commerciaux : le 6 mars avec un satellite militaire, le 13 août avec un engin météorologique et le 4 novembre avec le satellite Sentinel-1D pour le programme européen d’observation de la Terre Copernicus. Les tirs de 2025 s’effectuent avec une version de la fusée dotée de deux propulseurs d’appoint (« boosters »), dite Ariane-62.
En revanche, la mission suivante, prévue au premier trimestre 2026, aura recours à la version à quatre propulseurs d’appoint, Ariane-64, dotée d’une capacité d’emport en orbite basse doublée de 21,6 tonnes, pour mettre en orbite des satellites de la constellation à haut débit Project Kuiper de la société Amazon, récemment rebaptisée Amazon Leo.
Pour ce premier lancement pour la société fondée par le milliardaire Jeff Bezos, Ariane-6 emportera 34 satellites. Le contrat avec Amazon annoncé en avril 2022, le plus gros de l’histoire d’Arianespace, comporte 18 lancements sur une trentaine dans son carnet de commandes.
L’entreprise faisait partie des trois sociétés retenues par la société de Jeff Bezos pour lancer au total 3 236 satellites en orbite terrestre basse, à quelque 600 km d’altitude, et la seule non américaine.













