POLITIQUE – Des « ex » qui coûtent toujours aussi chers. Alors que les finances de l’État sont passées au peigne fin pour réaliser les 40 milliards d’économies voulues par le gouvernement Barnier, les dépenses liées aux avantages des anciens chefs de gouvernement ne sont pas passées inaperçues. Et n’échapperont pas aux coups de rabot, a fait savoir l’actuel locataire de Matignon.
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Michel Barnier assume : entre la dette « incroyable » et le déficit « record » de la France, des efforts doivent être demandés à tous les Français. Sont – entre autres – concernés : les grandes entreprises les plus rentables, les ministères dont les crédits vont être réduits et le « train de vie de l’État » dans son ensemble avec, dans cette catégorie, les enveloppes allouées aux anciens Premiers ministres. « Je pense par exemple demander un effort aux anciens ministres et anciens Premiers ministres », a déclaré le chef du gouvernement sur TF1.
Pour rappel, les anciens chefs du gouvernement ont droit à un « soutien matériel et personnel » encadré par un décret pris en 2019. Le texte prévoit qu’ils puissent avoir accès « sur leur demande » à un secrétaire particulier pour une durée de 10 ans maximum, ainsi qu’à un véhicule et un chauffeur dont les dépenses sont prises en charge par l’État, cette fois pour une durée illimitée.
Ces avantages, certains en profitent (beaucoup) plus que d’autres. Selon une note au projet de loi de finances rédigée par la députée DR Marie-Christine Dalloz et repérée par Politico, 11 anciens Premiers ministres ont coûté 1,42 million d’euros à l’État en 2023, en hausse par rapport à 2022. Parmi les plus dépensiers : Jean-Pierre Raffarin (167 467 €), Dominique de Villepin (197 539 €) et tout en haut de classement Bernard Cazeneuve, dont les frais pris en charge par l’État pour l’année 2023 s’élèvent à 201 387 euros.
« Montrer l’exemple » pour faire accepter le budget par l’opinion
À noter que ces dépenses ne sont pas corrélées à la durée du bail à Matignon, Bernard Cazeneuve étant encore aujourd’hui le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République mais aussi donc le plus coûteux. En bas du classement, on trouve Jean-Marc Ayrault (81 271 euros) et surtout Jean Castex (3 607 euros).
Michel Barnier n’a cité aucun nom. Car pour le Premier ministre, l’enjeu n’est pas tant d’épingler ses prédécesseurs ou de faire des économies sur leurs dos – elles seront de toute façon minimes par rapport à d’autres leviers d’actions. Non. Ce qui compte, c’est « l’acceptabilité » du budget par les Français, a reconnu la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon sur franceinfo ce mercredi 27 novembre. Et « pour qu’un budget d’effort soit acceptable, il faut que les Français aient le sentiment que cet effort est justement et équitablement réparti ».
« C’est une mesure qui peut apparaître comme symbolique mais qui est importante. À l’heure où on demande des efforts aux entreprises, où on ne baisse pas autant que ce qui était prévu les factures d’électricité, où on demande des efforts à des ministères, il est normal que chacun montre l’exemple », justifie-t-elle. À bon entendeur.
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