L’action de Stellantis dévisse de plus de 7 %, lundi 2 décembre, à la Bourse de Paris, après l’annonce de la démission dimanche de son PDG, Carlos Tavares, dont plusieurs syndicats du groupe et de l’industrie automobile se sont félicités. Vers 9 h 45 (heure à Paris), le titre du constructeur perdait 7,41 %, à 11,61 euros, en dernière place de l’indice CAC 40, lui-même en recul de 0,96 %.
Le groupe automobile, maison mère de Peugeot, Citroën, Jeep et Fiat, a annoncé dimanche la démission « avec effet immédiat » de M. Tavares, dont le successeur sera nommé au premier semestre 2025. Le conseil d’administration avait déjà mis en sursis M. Tavares, 66 ans, en annonçant au début d’octobre son départ à la retraite et lancé un processus de succession, mais des désaccords ont accéléré sa démission. Cette décision est le résultat de « points de vue différents » entre le conseil d’administration et le directeur général, a expliqué Henri de Castries, administrateur de Stellantis.
John Elkann, président du conseil d’administration de Stellantis et héritier du principal actionnaire du groupe, la famille italienne Agnelli, avait notamment écarté tout rapprochement avec un autre groupe automobile, en octobre, alors que M. Tavares laissait la porte ouverte.
« Main-d’œuvre maltraitée »
Le départ du groupe franco-italo-américain de Carlos Tavares, critiqué pour ses méthodes de gestion inflexibles et ses vagues de suppressions de postes, a été salué par plusieurs syndicats de l’industrie automobile.
Shawn Fain, directeur du puissant syndicat américain United Auto Workers (UAW), a salué « un pas important dans la bonne direction pour une entreprise qui a été mal dirigée et une main-d’œuvre maltraitée ». Des milliers de membres de l’UAW demandaient depuis plusieurs semaines la démission de M. Tavares à cause de sa « gestion irresponsable », a rappelé M. Fain dans un message publié par CNBC.
Pour la CGT de Stellantis, M. Tavares « n’est pas à plaindre et aucun travailleur ne va regretter » un dirigeant « qui a massacré l’emploi et détruit des milliers de familles ». « Par contre, quel sera le chèque de son montant de départ ? 50 millions ? 100 millions ? », s’est interrogé le syndicat français.
En Italie, le syndicat UILM a demandé sur X une « rupture » au prochain dirigeant de Stellantis, avec une priorité à donner aux « travailleurs et usines italiennes », notamment à Maserati, dont les ventes se sont effondrées. Le processus de nomination du nouveau directeur général du groupe est déjà « en bonne voie » et « aboutira au cours du premier semestre de 2025 », a assuré le groupe.
Architecte de la fusion de Fiat, PSA et Chrysler
Venu de Renault, M. Tavares s’était fait un nom en redressant le groupe PSA (Peugeot-Citroën) à partir de 2014, en réduisant les coûts. Il avait ensuite mené la mégafusion de PSA et FCA (Fiat-Chrysler). Depuis la création de ce groupe aux quatorze marques en 2021, Stellantis a enchaîné les records de bénéfices nets. Le groupe s’est aussi tourné rapidement vers les voitures hybrides et électriques.
Le Monde Guides d’achat
Gourdes réutilisables
Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables
Lire
Mais Stellantis a toussé au premier semestre 2024, avec un bénéfice net divisé par deux, avant de voir ses marges s’effondrer face à des difficultés plus graves que prévu en Amérique du Nord avec des véhicules à la qualité critiquée et des tarifs jugés trop hauts. M. Tavares a dû abandonner à la fin de septembre son objectif sacré de marge opérationnelle à « deux chiffres » pour l’année, qui le plaçait loin devant ses concurrents.