samedi, mai 4
Ana Lua Caiano, en novembre 2023.

La chanteuse lisboète Ana Lua Caiano, 24 ans, éprise de musiques traditionnelles et de sons électroniques, présente à Marseille son premier album, Vou Ficar Neste Quadrado (Glitterbeat/Modulor), lors de la soirée d’ouverture de Babel Music XP, dont la 2e édition se tient du 28 au 30 mars. A la fois salon international, forum de rencontres professionnelles et festival ouvert au public, l’événement entend mettre en lumière « la diversité musicale des musiques actuelles du monde ».

Eléonore Fourniau, chanteuse et musicienne française kurdophone trentenaire, y défendra également son premier album Neynik (Alvas/Inouïe Distribution). L’une, la brune Ana Lua Caiano, chante seule sur scène, avec ses machines et ses percussions, l’autre, la blonde Eléonore Fourniau, s’accompagne avec un luth saz et une vielle à roue, entourée de trois musiciens. Malgré des esthétiques et des registres très différents, elles ont en commun le goût de l’hybridation des identités musicales, de l’emprunt et du détournement. Un vrai talent.

Après des cours de piano classique et de jazz, Ana Lua Caiano a découvert la musique concrète et l’œuvre du compositeur Pierre Schaeffer (1910-1995). « Pour lui, n’importe quel son détaché de son référent initial peut être de la musique, par exemple un chien qui aboie », raconte la musicienne depuis Lisbonne. Elle dit aimer intégrer des sons du quotidien dans sa musique. « Le bruit d’un réfrigérateur, le son des camions-poubelles. » Elle s’est plongée également dans les racines de la musique portugaise – découverte à travers des cassettes de ses parents, des styles qu’elle mêle à des sonorités et des rythmes électroniques. Sensible à la mémoire musicale de son pays natal, elle emprunte des traditions de ses différentes régions.

Chanteurs engagés portugais

Autrice-compositrice, Ana Lua Caiano dit écrire « en jouant sur les ambiguïtés, les ambivalences. Si j’aborde le deuil, je le fais avec une perspective joyeuse, par exemple ». Certaines de ses chansons ont un contenu social, font écho à des problèmes du quotidien. Elle se souvient des chanteurs engagés portugais qu’elle découvrait il y a quelques années, José Mario Branco (1942-2019), José « Zeca » Afonso (1929-1987), Sérgio Godinho (né en 1945), « des artistes en lutte contre la dictature qui existait au Portugal jusqu’en 1974 ». Dans la nuit du 24 au 25 avril, elle participera à un concert collectif à Lisbonne, célébrant le 50e anniversaire de la « révolution des œillets ».

D’engagement, il est aussi question chez Eléonore Fourniau. Née à Paris, elle vit entre la France et la Turquie depuis qu’elle a été happée par la culture, la musique et la langue kurdes à Istanbul. D’où elle revient encore quand elle débarque à Marseille le 23 mars, quelques jours avant Babel Music XP, pour participer à un festival culturel organisé à l’occasion de Newroz, la fête du Nouvel An kurde. « C’est très important pour moi, c’est comme une reconnaissance de ma place dans la culture kurde », nous explique au téléphone la chanteuse.

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