mercredi, mai 8

En mars 2023, les Nations unies désignaient l’Afghanistan comme le « pays le plus répressif au monde » pour les droits des femmes. Un an plus tard, et deux ans et demi après la prise de pouvoir des talibans, les Afghanes ont non seulement le sentiment que la situation ne s’est pas améliorée mais qu’elle a en plus continué à se détériorer, selon un rapport de plusieurs agences de l’ONU publié vendredi.

D’après des consultations menées entre le 27 janvier et le 8 février auprès de 745 femmes afghanes habitant dans les 34 provinces du pays, plus de la moitié d’entre entre elles (57%) affirment ne « pas du tout » se sentir en sécurité lorsqu’elles quittent leur domicile seules, sans tuteur masculin (« mahram »). Seulement 7% se sentent « complètement » en sécurité.

Un rôle moindre au sein du foyer

Parmi les principales craintes exprimées par les femmes afghanes, être sujet au harcèlement des fonctionnaires du régime arrive en tête (70%), devant celle d’être victimes de harcèlement de la part des membres de leur communauté.

Depuis le retrait des troupes américaines et le retour des talibans au pouvoir, une cinquantaine de décrets ont été pris pour restreindre les droits des femmes, pour leur interdire notamment de poursuivre des études supérieures ou de travailler pour des ONG.

La mesure la plus emblématique du régime des talibans est l’obligation faite aux Afghanes de porter le voile. 58% des femmes interrogées déclarent que l’application de ce décret dans leur région est « très stricte » et 29% qu’elle est « assez stricte » malgré quelques exceptions.

Mises à l’écart de la vie publique, les femmes afghanes disent également qu’elles comptent beaucoup moins au sein du foyer que par le passé. Alors qu’elles étaient 90% à juger « bonne » ou « totale » leur influence sur les décisions qui y étaient prises en janvier 2023, ce chiffre n’est plus que de 32% un an plus tard.

Une reconnaissance au prix de droits recouvrés?

Les Afghanes sondées par les Nations unies expriment aussi leurs craintes quant à une éventuelle reconnaissance du régime taliban par la communauté internationale. Un sujet d’actualité puisque la réunion d’émissaires pour l’Afghanistan qui devait se tenir dimanche à Doha, au Qatar, était notamment censée aborder ce point.

« Le respect des droits des femmes doit être un objectif central de l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan et un point prioritaire de l’ordre du jour des discussions à Doha », a indiqué dans un communiqué le groupe de travail des Nations unies pour les femmes, la paix et la sécurité.

Deux tiers des Afghanes estiment ainsi qu’une reconnaissance internationale du régime taliban aurait un impact significatif sur leur existence. 57% d’entre elles estiment qu’il ne devrait être reconnu qu’après l’annulation d’une partie ou de toutes les interdictions ciblant spécifiquement les femmes.

Dans le même temps, 28% des femmes afghanes jugent qu’une reconnaissance du régime taliban ne devrait pas intervenir et ce quelles que soient les conditions.

Article original publié sur BFMTV.com

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