Ramzi Khiroun s’était fait très discret depuis son départ du groupe Lagardère, en 2022, avec en poche 17 millions d’euros d’indemnités de fin de contrat. Depuis, il a été aperçu au sein de la délégation d’Emmanuel Macron, fin octobre, lors la visite d’Etat du président français au Maroc.
Selon les informations de l’Agence France-Presse, confirmées par Le Monde, l’ex-homme de confiance d’Arnaud Lagardère et ancien directeur des relations extérieures du groupe a été mis en examen, le 6 novembre, pour « complicité d’achat de vote et d’atteinte à la liberté du vote » et « complicité d’abus de pouvoir ». Il n’a pas été placé sous contrôle judiciaire.
M. Khiroun est mis en cause dans le cadre de l’un des deux volets de l’information judiciaire qui vise Arnaud Lagardère, mis en examen le 29 avril pour « achat de vote », « abus de biens sociaux et abus de pouvoir » et « diffusion d’information donnant des indications fausses ou trompeuses pour agir sur le cours d’un instrument financier, manipulation de marché ».
M. Khiroun est soupçonné d’avoir aidé M. Lagardère à obtenir, au printemps 2018, le vote de Qatar Holding LLC, filiale du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA) et alors principal actionnaire de son groupe (13 % au capital et avec 19,5 % des droits de vote), en faveur des résolutions de la gérance (donc les siennes), lors de l’assemblée générale des actionnaires, le 3 mai 2018. Et ce en contrepartie d’une promesse faite aux Qataris : nommer Jamal Benomar, diplomate britanno-marocain proche de Doha, au conseil de surveillance de Lagardère SCA pour y représenter les intérêts de l’émirat.
Une plainte d’Amber Capital
Le fils de Jean-Luc Lagardère est mis en cause pour d’autres faits présumés. D’abord, pour s’être immiscé dans l’élection du conseil de surveillance, censé être un contre-pouvoir à la gérance, en participant à des négociations directes avec des responsables qataris. Ensuite, pour avoir présenté publiquement M. Benomar aux actionnaires comme un membre prétendument « indépendant » du conseil de surveillance lors de sa cooptation, en septembre 2018, puis en 2019 lors d’une assemblée générale, au risque d’avoir lésé des actionnaires.
A l’origine, c’est une plainte déposée en 2021 au Parquet national financier (PNF) par le fonds activiste Amber Capital qui a attiré l’attention de la justice sur ce volet « qatari » du dossier. Des documents judiciaires, dont Le Monde a pris connaissance, révèlent que d’illustres intermédiaires ont assisté, en coulisses, l’homme d’affaires lors des négociations avec les Qataris, initialement favorables aux résolutions du fonds Amber avant de se rallier aux propositions de M. Lagardère, le 29 avril 2018.
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