- La Commission européenne a rejeté lundi la demande d’Emmanuel Macron de reporter l’examen du traité commercial avec le Mercosur.
- La France s’y oppose toujours vivement alors que l’exécutif de l’UE espère signer l’accord de libre-échange d’ici la fin de l’année.
- On vous explique les principaux éléments de blocage.
Un bras de fer toujours plus tendu. La Commission européenne a martelé lundi 15 décembre son intention de signer l’accord de libre-échange avec le Mercosur dans les jours qui viennent, en dépit des appels de la France à reporter les décisions. On vous explique les points de crispation, alors qu’Ursula von der Leyen espère toujours parapher ce traité commercial avec l’Amérique latine samedi au Brésil.
La France et les agriculteurs européens vent debout
Lundi matin, l’exécutif européen a opposé une fin de non-recevoir à Emmanuel Macron, qui souhaite reporter l’examen de l’accord. « À ce stade, le compte n’y est pas pour protéger les agriculteurs français. Les exigences françaises n’ont pas été remplies »
, a tonné Paris dimanche soir, qui peinera à former une minorité de blocage contre cet accord, ardemment soutenu par l’Allemagne et l’Espagne notamment.
Les agriculteurs de l’UE sont également vent debout contre cet accord de libre-échange avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay qui favoriserait les exportations européennes de voitures, de machines, de vins et de spiritueux. En retour, il faciliterait l’entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui alarme les filières. Les syndicats agricoles promettent jusqu’à 10.000 manifestants à Bruxelles jeudi, en marge d’un sommet européen.
Un vote du Parlement mardi sur les mesures de sauvegarde
« Dans sa forme actuelle, le traité n’est pas acceptable »
, a déclaré un peu plus tôt le ministre de l’Économie Roland Lescure, qui a posé « trois conditions »
, dans une interview donnée à plusieurs médias européens, dont Les Échos
. La France demande d’abord des « clauses de sauvegarde solides et opérationnelles, sur lesquelles le Parlement européen se prononcera ce mardi »
, affirme le locataire de Bercy pour rassurer les agriculteurs, déjà en colère contre les abattages forcés de troupeaux de bovins contaminés par la dermatose nodulaire contagieuse.
Avec ce dispositif, l’Union européenne promet un « suivi renforcé »
des produits les plus sensibles tels que la viande bovine, la volaille, le riz, le miel, les œufs, l’ail, l’éthanol et le sucre, et une intervention en cas de déstabilisation du marché. Les Vingt-Sept ont déjà approuvé cette clause de sauvegarde, mais le Parlement européen pourrait encore la consolider pour amadouer la France.
Paris veut l’application des mêmes normes
Autre condition exigée par la France : les normes appliquées dans l’UE pour la production « doivent également s’appliquer à la production dans les pays partenaires »
, ajoute Roland Lescure, qui évoque des « mesures miroirs pour protéger nos citoyens et garantir une concurrence équitable »
,
et exige enfin des « contrôles sur les importations »
.
Pour tenter de convaincre Paris, la Commission européenne a annoncé la semaine dernière le renforcement de ses contrôles sur les importations agricoles, afin de s’assurer qu’elles respectent les normes européennes. Autre signal : Bruxelles promet de mettre à jour ses règles sur les traces de pesticides dans les produits importés, afin d’éviter que des substances interdites en Europe rentrent sur le continent via les importations.












