La raréfaction du support met d’autant plus en valeur le travail de niche et le soin éditorial qui a toujours fait la valeur ajoutée du DVD, et plus particulièrement ravi les cinéphiles. Napoléon vu par Abel Gance (1927) en est un excellent exemple, qui est à ranger précieusement dans un coin du salon familial. Auteur visionnaire, grand lyrique du cinéma français. Film mythique victime d’une catastrophe industrielle et tronçonné en de multiples versions. Recomposition et restauration épique entreprises durant quinze ans par La Cinémathèque française. Reconstitution de la version d’auteur – neuf heures quarante d’un film projeté une fois, en mai 1927, au cinéma Apollo, à Paris – mort-née en raison du refus du distributeur de lui donner vie. Vingt versions, plus ou moins dénaturées, parfois par l’auteur lui-même, suivirent.
Voilà de quoi largement légitimer la possession d’un tel trésor, dont on rappellera, eu égard à ses performances esthétiques, qu’il doit, plus qu’un autre, idéalement se découvrir sur grand écran. Figure du cinéma d’avant-garde, mû par une ambition artistique grandiose, grand inventeur de formes, Gance se pense, on le subsume, comme le Napoléon du cinéma français. Il tirait ainsi une certaine fierté d’avoir laissé plus de 40 figurants sur le carreau lors du tournage du siège de Toulon. Il n’en fallait sans doute pas moins pour se lancer dans ce projet démesuré qui ambitionnait clairement de se porter à la hauteur du mythe.
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