Des centaines de manifestants se sont affrontés, jeudi 2 janvier, devant la résidence officielle du président suspendu à Séoul, certains exigeant sa détention immédiate et d’autres appelant à le protéger face à la menace de son arrestation. Sous le coup d’un mandat d’arrêt et d’une destitution votée par les députés, Yoon Suk Yeol, 64 ans, reste retranché dans sa résidence, promettant de « se battre jusqu’à la fin » contre les autorités qui cherchent à l’interroger sur sa tentative ratée d’imposer la loi martiale.
Depuis son coup de force du 3 décembre, M. Yoon n’a montré aucun regret et son refus systématique de se soumettre aux questions des enquêteurs fait redouter qu’une tentative d’arrestation ne dégénère en violences, aggravant encore la crise profonde que traverse la quatrième économie d’Asie.
Des centaines de fidèles partisans de Yoon Suk Yeol, dont des youtubeurs de droite radicale et des leaders chrétiens évangéliques, se sont rassemblés devant sa résidence à Séoul, face aux manifestants anti-Yoon et à la police antiémeute. Une femme s’est jetée devant un bus de la police, les bras tendus sur le pare-brise. D’autres partisans du président se sont allongés dans la rue, yeux fermés et bras croisés, quand la police a tenté de les déloger.
« Destitution invalide ! » criaient les manifestants tout en agitant des drapeaux sud-coréens et des bâtons lumineux rouges. « Yoon Suk Yeol, Yoon Suk Yeol, nous te protégeons ! Nous te protégeons ! », pouvait-on aussi entendre. Des dizaines de personnes ont diffusé des images de ces manifestations en direct sur YouTube.
La décision finale de la Cour constitutionnelle attendue
Mercredi, M. Yoon a envoyé un message à ses partisans les plus radicaux devant sa résidence, leur disant qu’il les regardait sur YouTube et les exhortant à l’aider à « défendre la démocratie » et à « se battre jusqu’au bout ». L’opposition et plusieurs experts ont dénoncé cette démarche, qu’ils voient comme une tentative de mobiliser les manifestants les plus extrêmes susceptible de dégénérer en violences.
Mais des partisans de M. Yoon comme Kim Sang-bae, 63 ans, ont déclaré qu’ils ne quitteraient pas la zone, étant déterminés à « arrêter l’injustice » que représente l’arrestation d’un président en fonction – une première dans l’histoire de la Corée du Sud. Un manifestant pro-Yoon a ainsi été arrêté pour obstruction à la police, ont rapporté des médias locaux.
Le mandat d’arrêt était illégal, ont affirmé les avocats de M. Yoon, et son équipe de sécurité a refusé de respecter les mandats de perquisition émis précédemment. Le président lui-même a ignoré à trois reprises la convocation du Bureau des enquêtes sur la corruption, poussant les enquêteurs à émettre un mandat d’arrêt.
A proximité, des centaines de manifestants opposés à M. Yoon ont organisé un rassemblement rival, chantant l’hymne national tandis que des dizaines de policiers antiémeute peinaient à séparer les deux camps rivaux. M. Yoon doit attendre la décision finale de la Cour constitutionnelle concernant sa destitution, et risque une peine de prison ou même la peine de mort pour les accusations d’insurrection.