Une femme sort de la salle d’audience et une fenêtre s’ouvre à l’intérieur. Des heures que Frédéric S. conteste tout. Nie tout. L’ancien animateur de maternelle de 60 ans a comparu deux jours durant, lundi 15 et mardi 16 décembre, devant le tribunal correctionnel de Nantes pour des agressions sexuelles sur 13 enfants. Deux jours de « guilis sur la pounette », « bisou sur la zézette », « pipi dans la bouche », « doigt dans le tuyau des fesses » décrits par des tout-petits, et décortiqués à l’audience sept ans après les faits. Deux jours d’« inventions », de « mauvaise interprétation » et de « jamais, jamais » répétés du côté de celui qu’ils ont dénoncé : Frédéric S.
La présidente du tribunal ose l’interrompre dans une énième dénégation : « Votre femme a quitté la salle d’audience, est-ce que ça change quelque chose pour vous ? » Elle laisse passer un silence, puis tente à nouveau. Est-ce que le soutien de sa femme, « le fait qu’elle soit là tout le temps », ne serait pas devenu « une forme de pression » ? Est-ce qu’il n’aurait pas envie de dire quelque chose, là maintenant ? Lui cale ses mains sur le pupitre. Inspire. Se fige. Sa voix se brise : « Ma femme elle est encore plus victime que moi. (…) Elle ne veut pas croire les faits qui me sont reprochés. C’est impensable. »
La présidente lève un sourcil vers le fond de la salle. La femme vient de repasser la porte d’entrée, la fenêtre s’est refermée. « Les faits n’ont pas existé », clôt Frédéric S. Il n’y aura pas d’aveux. Le tribunal devra trancher sans, sa décision a été mise en délibéré au 22 janvier.
Questions « orientées »
Alors sur quoi juger ? Durant deux longues journées d’audience, la parole des enfants, au cœur du dossier, a été questionnée. La manière dont elle a été recueillie critiquée. « Etant enfant je sais que j’ai pu inventer des centaines de choses », soutient Frédéric S., avant d’attaquer des témoignages d’enfants « pollués » par d’autres, selon lui – « J’imagine tout ce qu’il a pu se dire dans la cour d’école. » Son avocat, Benoît Poquet, s’attardera sur les questions « orientées » des parents ou « trop fermées » des enquêteurs.
Il vous reste 65.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.















