LETTRE DE LONDRES
Appétit des promoteurs, apparition des supermarchés en périphérie, habitudes de consommation en pleine mutation : à l’image des Halles qui ont quitté Paris pour Rungis en 1969, les marchés de Londres ont également été chassés du centre les uns après les autres. Celui de Covent Garden, spécialisé dans la vente de fruits, légumes et fleurs a fermé en 1974. Billingsgate, le plus grand marché au poisson du monde au XIXe siècle, a été déplacé près du nouveau quartier financier de Canary Wharf en 1982. Celui de Spitalfields, autour duquel s’étaient fixés des huguenots fuyant la France après la révocation de l’édit de Nantes, des Irlandais fuyant la misère ou des juifs les pogroms en Russie, fut relocalisé à Leyton, au nord de la capitale.
Ces lieux grouillants de vie et d’odeurs ont été remplacés par des centres commerciaux aux enseignes internationales, temples de la consommation et aimants à touristes, avec cafés branchés et rangées de food trucks. Et des pans d’histoire de la Londres médiévale, georgienne ou victorienne ont disparu.
Un seul marché a jusqu’à présent résisté à cette aseptisation des centres-villes : Smithfield Market, spécialisé dans la vente de viande en gros et au détail, installé au cœur de la City, près de la cathédrale St Paul et de l’énorme centre culturel Barbican. Mais plus pour longtemps : le 26 novembre, la City of London Corporation, l’autorité locale administrant le « square mile », a annoncé renoncer au soutien qu’elle apportait depuis des siècles au plus vieux marché de viande du pays, continûment en activité depuis plus de huit cents ans.
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