Le M23, groupe armé soutenu par le Rwanda, poursuit son « expansion territoriale » dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) malgré un cessez-le-feu, les rebelles élargissant le recrutement de combattants et de cadres pour administrer les territoires conquis, selon un rapport d’experts de l’ONU publié mercredi 8 janvier.
Ces chercheurs, mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU, estiment dans leur rapport semestriel que le M23 (Mouvement du 23 mars), appuyé par Kigali et son armée, a continué à faire « de grandes avancées territoriales » au cours des derniers mois et renforcé son « contrôle sur les zones occupées ».
Ce rapport est publié quelques jours après la prise samedi par les rebelles de Masisi, ville clé et capitale administrative du territoire de Masisi, située à environ 80 kilomètres au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. D’intenses combats étaient encore en cours mercredi, l’armée congolaise (FARDC) épaulée par une myriade de milices pro-Kinshasa tentant de reprendre la ville de quelque 40 000 habitants.
« Violations flagrantes du cessez-le-feu »
Depuis novembre 2021, le M23 s’est emparé de vastes pans de territoire dans l’est de la RDC, riche en ressources naturelles et déchiré depuis trente ans par des conflits. Un cessez-le-feu a été signé fin juillet mais il a été régulièrement mis à mal sur le terrain. Washington a dénoncé lundi des « violations flagrantes du cessez-le-feu » par le M23 avec la prise de Masisi.
En décembre 2024, un sommet à Luanda devant réunir les présidents congolais et rwandais, chapeauté par l’Angola désigné médiateur par l’Union africaine, s’est soldé par un échec faute d’accord sur les conditions pour la signature d’un accord de paix. Selon les experts de l’ONU, le dernier cessez-le feu a été respecté dans un premier temps. Mais ce « calme relatif » a permis notamment aux rebelles de « se réapprovisionner en armes ».
La rébellion a par ailleurs poursuivi « ses recrutements volontaires et forcés, y compris de mineurs », selon les experts de l’ONU, des milliers de nouvelles recrues venant des territoires qu’elle contrôle et des provinces voisines qui ont été formées dans ses camps militaires. « Entre le 25 septembre et le 31 octobre 2024, au moins 3 000 recrues ont achevé leur formation », soulignent les auteurs du rapport.
Le M23 a également étendu « la formation de cadres civils administratifs pour administrer les localités contrôlées », selon les experts. Laissant penser, selon eux, que « le véritable objectif du M23 reste l’expansion territoriale, l’occupation et l’exploitation à long terme des territoires conquis ».