De jeunes Palestiniennes, 10 ans en moyenne, dessinent sur le sol de la cour de l’école, sous le soleil encore chaud de novembre. Elles doivent représenter ce qui les rend heureuses. L’une montre une plage. L’autre, le lever du soleil. Une troisième, un large visage souriant. Tout semble simple, dans cette école du camp de réfugiés palestiniens de Shuafat, dans le nord de Jérusalem-Est, gérée par l’UNRWA, l’agence des Nations unies d’aide aux réfugiés palestiniens. Les classes sont peu remplies.
Non pas que les établissements aient reçu un renforcement des capacités pédagogiques. Les élèves ont simplement déserté l’école du camp. En 2015, ils étaient encore 1 500, selon les chiffres de l’UNRWA. A présent, ils sont à peine 700, soit 6 % de tous les enfants en âge d’être scolarisés vivant dans le camp, selon une étude du Jerusalem Institute for Policy Research. Et les lieux pourraient bientôt fermer, à la suite du vote par le Parlement israélien de deux projets de loi, le 28 octobre, dont l’effet est de mettre, techniquement, un terme aux activités de l’UNRWA à Jérusalem-Est.
Shuafat est unique. C’est le seul camp de réfugiés à l’intérieur des limites municipales de Jérusalem, dont la partie orientale est occupée depuis 1967 et annexée depuis 1980 par Israël. A ce titre, il est hors d’atteinte de l’Autorité palestinienne. Depuis la création du camp, en 1965, l’endroit fut longtemps un bastion insurrectionnel. En ébullition pendant la première Intifada (1987-1993), il était en éruption pendant la seconde (2000-2005). En réponse, Israël relégua Shuafat derrière le mur de séparation bâti autour de la Cisjordanie à partir de 2003. Pour en sortir aujourd’hui, il faut passer par un checkpoint.
Problèmes de moyens
Le camp abrite 17 000 réfugiés enregistrés, 40 000 estimés, et a donné son nom à cette quasi-enclave, mais n’en constitue qu’une partie. Trois autres secteurs, eux aussi situés du côté oriental du mur, font monter la population totale de ce quartier à environ 80 000 habitants, pour la plupart peuplés par des Palestiniens qui trouvent là des logements moins chers que dans le reste de Jérusalem. Quelque 80 % de ces habitants, disposant du statut de réfugié ou non, possèdent une carte d’identité bleue, un statut de résident révocable accordé par l’administration israélienne, qui leur permet de travailler, d’étudier et d’avoir accès au système de santé côté israélien.
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