LETTRE DU BENELUX
De son vaste et lumineux bureau, au neuvième étage d’un bâtiment moderne, Julien Moinil peut observer le palais de justice de Bruxelles, œuvre babylonienne de 26 000 mètres carrés à la façade longue de un kilomètre. Il possède un beau panorama sur la capitale belge. Il se perdrait dans la contemplation de l’œuvre folle, et délabrée, de l’architecte Joseph Poelaert (1817-1879) et il trouverait peut-être du charme à la ville s’il n’avait d’autres soucis.
Nommé en janvier, alors que le poste de procureur du roi de Bruxelles était vacant depuis quatre ans en raison de très habituelles querelles politico-linguistiques, l’ancien magistrat spécialisé dans la grande criminalité s’assigne deux missions : remettre d’aplomb le plus grand parquet du pays et rétablir l’ordre dans une ville dont il n’hésite pas à dire qu’elle est désormais « gangrenée par la criminalité, avec des métastases partout ».
A peine le nouveau « proc » était-il nommé qu’une nouvelle vague de violences éclatait dans la ville, laquelle avait déjà vécu une centaine d’épisodes violents en 2024 causant la mort de neuf personnes et des dizaines de blessés. Début février, des images faisaient le tour du monde : deux jeunes gens encagoulés surgissaient de la station de métro Clemenceau, à Anderlecht, et ouvraient le feu à la Kalachnikov, le début d’une série de règlements de comptes entre bandes, avec d’autres morts et blessés, pour le contrôle de points de deal sur les communes d’Anderlecht, de Saint-Gilles, de Forest et de Saint-Josse.
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