Retrouvez tous les épisodes de la série « L’Eté en chansons » ici
Depuis 1988, c’est la chanson en français qui salue les premiers rayons du soleil de printemps au son de l’accordéon, du trombone et des maracas. Voilà l’été, des Négresses vertes, était devenu à sa sortie, il y a trente-six ans, l’hymne des Parisiens coincés dans la capitale. Le chanteur punk, Noël Rota (1963-1993), dit « Helno » (verlan de Noël), commençait alors par un bulletin météo : « J’aperçois le soleil/Les nuages filent et le ciel s’éclaircit. » Et la joie de retrouver les terrasses ensoleillées : « Il fait si chaud/Qu’il nous pousse des envies/C’est le bonheur rafraîchi d’un cocktail, les filles sont jolies… »
Dans une deuxième partie, le voilà qui énumère toutes les galères du citadin : « Enfin l’été, mais y a déjà plus d’argent/Le Tout-Paris se transforme en phobie/Le métro sue, tout devient purulent/Dans ses souliers, le passager abruti. » Et de se réjouir : « L’été, Paris c’est plutôt relaxant/On rêve de plage et la Seine est jolie. » Enfin, dans le dernier couplet, il tente de se motiver en se rappelant tout ce qu’il a évité en ne prenant pas la route pour le Sud : « Rillettes sous les bras, j’avance dans la rue/J’pense à ces cons qui s’font chier dans l’Midi/ (…) La mer quelle saloperie/Et sur les routes le danger, ça vous tue. »
Réponse aux idées xénophobes
Pourtant, la route, Les Négresses vertes l’ont beaucoup prise pour donner des concerts un peu partout en France. Le groupe, formé dans les bars du Nord-Est parisien, y emmenait sa musique métisse, entre valse et polka du bal musette, mélangée au flamenco et au raï de la Méditerranée. Helno, punk édenté et cheveux ébouriffés, ancien choriste de Bérurier noir, racontait, au cours d’un entretien pour le journal télévisé, en avril 1991, l’histoire de leur nom, Les Négresses vertes : « On dansait une espèce de hip-hop rap sur de la musette dans un bal du Jura. C’était une insulte, au départ. Les mecs voulaient nous casser la tête et ils nous traitaient de négresses vertes. »
L’accordéoniste Matias Canavese et le bassiste Paulo viennent du théâtre équestre Zingaro, le guitariste Stéfane Mellino est né en Algérie, et Helno a grandi dans une cité HLM du 19e arrondissement de Paris. Des bâtiments pas très haut, rue de l’Ourcq, entre le canal du même nom et l’avenue Jean-Jaurès, artère qui sépare l’arrondissement en deux, entre celui, plus sympa, du parc des Buttes-Chaumont et celui des bandes et du crack de la place Stalingrad.
Composée par Stéfane Mellino, mais déposée à la Sacem sous le nom des huit membres du groupe, comme le faisaient la plupart des groupes de rock alternatif de l’époque – Mano Negra, Les Satellites, VRP… – qui voulaient proposer un autre mode de fonctionnement à l’industrie de disque, Voilà l’été est le premier single de l’album Mlah, sorti en 1988.
Il vous reste 14.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.