Dans le cadre de l’édition 2024 du festival We Love Green, au bois de Vincennes, à Paris, du vendredi 31 mai au dimanche 2 juin, dont Le Monde est partenaire, Kelly et Gary Bencheghib seront interrogés par Stéphane Mandard samedi 1er juin à 18 h 15 sur la scène du think tank. Retrouvez le programme complet des conférences sur le site de We Love Green.
Le chiffre ne figure pas dans les guides touristiques vantant les « plages spectaculaires » ou la « beauté sauvage » de Bali : chaque année, l’île des Dieux et ses flots de vacanciers génèrent quelque 300 000 tonnes de déchets plastiques. La majorité n’est pas collectée et vient grossir d’immenses décharges à ciel ouvert qui polluent les rivières et in fine les plages. On estime qu’au moins 33 000 tonnes de débris plastiques en tout genre terminent chaque année dans les eaux turquoise de l’île indonésienne.
L’archipel et ses 275 millions d’habitants sont le deuxième pollueur marin au monde après la Chine. A l’échelle de la planète, c’est l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de déchets plastiques qui se déverse chaque minute dans les océans pour atteindre jusqu’à 14 millions de tonnes par an. Et, à ce rythme effréné, il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans en 2050, selon les projections de la Fondation Ellen MacArthur.
Pour mettre un terme à ce fléau, les Etats ont entamé d’âpres négociations sous l’égide des Nations unies avec l’objectif incertain d’aboutir à un traité mondial avant la fin de l’année. A Bali, les « guerriers des rivières » de l’association Sungai Watch installent des barrières filtrantes sur les cours d’eau pour empêcher les déchets plastiques de se retrouver dans l’océan.
« Cette crise de la pollution plastique est une guerre sans fin », explique Kelly Bencheghib. Cette Française de 31 ans a créé Sungai (« rivière » en malais) Watch en 2020 avec ses deux frères, Gary (29 ans) et Sam (27 ans). La fratrie parisienne a débarqué à Bali avec ses parents en 2005. Elle n’en est plus repartie. « La plage était notre jardin ; il nous était insupportable de la voir devenir de plus en plus sale, alors, il y a quinze ans, on a commencé à ramasser les déchets. On ne pensait pas y consacrer notre vie », raconte Kelly Bencheghib. Aujourd’hui, leurs opérations de nettoyage ont été élargies aux rivières, aux décharges sauvages et aux mangroves asphyxiées par les déchets.
285 barrières déployées
Leur premier coup d’éclat remonte à 2017. Garry et Sam partent à l’abordage du Citarum, réputé le fleuve le plus pollué au monde, dans leurs kayaks fabriqués avec des bouteilles en plastique. Deux semaines d’expédition à pagayer en se frayant un chemin au milieu des immondices. Les deux frères postent des vidéos de leur périple sur les réseaux sociaux. Elles sont visionnées par des millions de personnes, dont le président indonésien, Joko Widodo. En décembre, il annonce mobiliser 700 soldats pendant sept ans pour nettoyer le Citarum.
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