La ville d’El-Obeid ne tient qu’à un fil. Une longue route cahoteuse qui s’étire sur 300 kilomètres à l’est, jusqu’aux rives du Nil Blanc. De part et d’autre de l’asphalte défoncé s’étendent des champs de sésame, d’arachides et d’hibiscus où se découpent les silhouettes colorées de femmes qui besognent, le dos voûté sous un soleil de plomb.
De temps à autre, un convoi militaire vrombit sur le macadam. Des pick-up surmontés de lance-missiles ou de mitrailleuses lourdes sont déployés en renfort vers le bastion des forces armées soudanaises (FAS) dans la province du Kordofan, devenue épicentre du conflit. Si El-Obeid tombe, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) seront à nouveau aux portes de Khartoum.
Sur cette route se croisent, dans une bourrasque, les va-t-en-guerre et ceux qui la fuient. Passant à toute allure, les escouades de jeunes soldats poussent des cris furieux, emportés par le vent. Le poing en l’air, ils sont acclamés par les buveurs de thé, à l’ombre des paillotes qui jalonnent le bas-côté. En sens inverse, entassées dans des bétaillères ou des microbus croulant sous les bagages, les couvertures et les lits en ferraille, des familles entières quittent El-Obeid pour Kosti, la ville la plus proche, à l’extrémité des 300 kilomètres, porte d’entrée de la moitié orientale du pays, contrôlée par l’armée régulière.
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