En une vingtaine d’années, Lav Diaz, 67 ans, s’est imposé comme le cinéaste philippin majeur de sa génération. Magellan, qui a nécessité six mois de tournage, est l’aboutissement d’un long processus de travail et de recherche qui a bouleversé son rapport à sa propre histoire.
Avec quelle image de Magellan avez-vous grandi ?
Magellan fait partie intégrante de notre histoire. Il a tout changé. C’est lui qui a apporté le christianisme. C’est une obsession pour nous et je voulais le comprendre en tant qu’être humain. Pourquoi a-t-il fait ces choses ? Alors j’ai fait des recherches pendant sept ans. Je me suis rendu compte qu’on n’a aucune véritable trace de l’existence de notre premier héros national Lapu-Lapu, qui aurait tué Magellan. Beaucoup de détails montrent qu’il y a une autre vérité derrière les images officielles.
Pourquoi avoir accordé une si grande place au personnage de l’esclave Enrique ?
Il a été le seul témoin de tout, mais on ne lui a jamais donné la parole. Je pense, comme des historiens, qu’il est probablement la première personne à avoir réalisé le tour du monde. Ce n’est ni Magellan ni Juan Sebastian Elcano, c’est Enrique de Malacca. Aux Philippines, il y a peu d’informations sérieuses sur lui. Il y a eu un film à son sujet, mais qui était plus une farce. On se moquait de lui.
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