L’avance est large, l’effet de surprise inexistant. Le chef de la junte en Guinée, le général Mamadi Doumbouya, est confortablement en tête par rapport à ses huit rivaux à l’élection présidentielle, selon les premiers résultats officiels partiels provisoires publiés lundi 29 décembre en soirée, au lendemain du scrutin.
M. Doumbouya se place loin devant dans les communes de la circonscription de Conakry comme Kaloum, Matam, Sonfonia et Ratoma. Il obtient des scores dépassant souvent 80 %, selon ces résultats lus sur la télévision publique RTG par la directrice générale des élections, Djenabou Touré. Le chef de la junte, favori du scrutin, garde un écart similaire en sa faveur dans plusieurs autres zones.
L’opposition, dont les ténors ont été écartés du scrutin, avait appelé à boycotter ce scrutin, organisé plus de quatre ans après le coup d’Etat de septembre 2021 qui a renversé le président Alpha Condé, qui était au pouvoir depuis 2010.
Malgré tout, l’élection a enregistré, selon Mme Touré, un taux de participation de 85 %. Celui-ci était considéré comme le principal enjeu du scrutin en l’absence d’opposants d’envergure.
Un mouvement citoyen qui réclame le retour des civils au pouvoir a remis en cause cette forte participation. « Une immense majorité de Guinéens a choisi de boycotter la mascarade électorale » organisée dimanche par la junte, a déclaré le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) dans un communiqué publié lundi. Les Guinéens ont « refusé de s’associer à ce simulacre de scrutin », dit le FNDC, sans toutefois donner de chiffre.
Accusations d’irrégularités et de bourrages d’urnes
Près de 6,8 millions d’électeurs dont quelque 125 000 à l’étranger, étaient appelés à voter dimanche pour choisir entre les prétendants dont le général Doumbouya, 41 ans, qui semble assuré de gagner dès le premier tour face à des candidats peu connus du grand public et dans un contexte de rétrécissement des libertés.
Un candidat, Abdoulaye Yéro Baldé, a dénoncé de « graves irrégularités » dues notamment, selon lui, à l’accès refusé à ses représentants dans des commissions de centralisation des votes et à un « bourrage d’urnes » dans des zones, dans un communiqué lundi soir. Un autre candidat, Faya Millimono, a dénoncé un « brigandage électoral » lié, selon lui, à des influences exercées sur des votants et à un « bourrage d’urnes », dans un communiqué distinct.
Dans une déclaration, lundi matin, sur la télévision publique RTG, le chef de la gendarmerie, le général Balla Samoura, a appelé les forces de sécurité à maintenir le même dispositif de sécurité déployé au jour du vote. « J’invite toutes les forces de défense et de sécurité à maintenir leur présence, avec un niveau élevé de vigilance et de réactivité, jusqu’à la clôture définitive de l’ensemble des opérations électorales », a-t-il dit, soulignant qu’« aucun incident majeur n’a été noté » le jour du scrutin.
Samedi soir, les forces de sécurité avaient affirmé dans un communiqué avoir « neutralisé » plus tôt le même jour dans la banlieue de Conakry des membres d’un groupe armé ayant « des intentions subversives menaçant la sécurité nationale ».
Une capitale sous surveillance
Dans la capitale, des engins blindés et d’autres véhicules des forces de sécurité étaient encore visibles au lendemain du vote dans certains carrefours et points de la ville, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. La vie avait toutefois repris son cours normal à Conakry, les principaux marchés de la capitale ainsi que les services publics avaient rouvert, tandis que les gens vaquaient à leurs occupations.
Fin septembre, les Guinéens ont approuvé une nouvelle Constitution lors d’un référendum que l’opposition avait appelé à boycotter, mais où la participation s’est officiellement élevée à 91 %. La nouvelle Loi fondamentale, qui autorise les membres de la junte à se présenter aux élections, a ouvert la voie à une candidature de M. Doumbouya. Elle a également porté de cinq ans à sept ans la durée du mandat présidentiel, renouvelable une fois.
La Guinée est riche en minerais mais plus de la moitié de ses habitants (52 %) vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon les chiffres de la Banque mondiale pour 2024. Le pays ouest-africain a, depuis son indépendance de la France en 1958, toujours été dirigé par des régimes autoritaires.












