Brigitte Bardot, actrice mythique et militante acharnée du droit des animaux, est morte à 91 ans, dimanche 28 décembre. Un petit tremblement de terre en France mais aussi à l’étranger où la presse a largement commenté sa carrière, son influence sur la société et ses choix de vie.
« Dans les années 1950, avant la révolution sexuelle, avant la Nouvelle Vague, avant le féminisme, il y avait Bardot : elle était le sexe, elle était la jeunesse, et surtout elle incarnait la modernité », résume le journal anglais The Guardian dans un éditorial.
Pour la BBC, elle fut la « bombe blonde qui révolutionna le cinéma dans les années 1950 », « un cocktail français de charme félin et de sensualité continentale ». La BBC rappelle néanmoins que « sa réputation a été ternie lorsqu’elle a proféré des insultes homophobes et a été condamnée à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale ».
Dans la même lignée, le journal espagnol El Pais évoque une muse du cinéma français mais aussi « de l’extrême droite ». « La figure de Bardot a largement dépassé le cadre du cinéma et a anticipé certaines des grandes révolutions qui allaient marquer la seconde moitié du XXᵉ siècle », poursuit le titre. En Allemagne, Der Spiegel estime quant à lui qu’elle était une « figure emblématique de l’extrême droite ».
« Adieu la diva rebelle qui a fait rêver le monde »
« Il existe d’innombrables manières de se souvenir de Brigitte Bardot, retrace le journal espagnol El Mundo. Elle fut l’image la plus exportable de la France, et ce, pendant près de cinq décennies. Ses initiales – BB – sont devenues une marque pour tout un pays et, à la fois, un prétexte pathétique aux plaisanteries les plus grotesques – comme lorsqu’on l’a appelée BB-phoque pour se moquer de son engagement en faveur de la cause animale », développe le titre.
« Adieu la diva rebelle qui a fait rêver le monde », écrit le journal italien La Repubblica. « Brigitte Bardot, éternelle Lolita, et donc condamnée à ne jamais vieillir », lance, de son côté, La Stampa. « Son ultime pied de nez au monde qui l’avait idolâtrée, aux photographes qui l’avaient poursuivie, aux intellectuels qui avaient fait d’elle une icône de la rébellion féminine, fut d’échapper à jamais aux regards et aux jugements, de laisser libre cours à ses rides au milieu de la dictature du Botox, d’affronter la vieillesse avec la même audace effrontée avec laquelle, en son temps, elle avait exhibé sa jeunesse », poursuit le titre italien.
« Brigitte Bardot n’a pas seulement marqué le cinéma de son empreinte, elle l’a déplacé », analyse Le Soir. « Icône et femme libérée, elle a bouleversé les codes et s’est érigée en figure de l’émancipation féminine et de la liberté sexuelle. Avec BB, le désir des femmes devient visible à l’écran. Assumé aussi. Si bien qu’il dérange parfois », développe le quotidien belge.
« Le plus grand sex-symbol du cinéma français vient de disparaître », juge Le Temps. « Avec elle disparaît l’un des derniers témoins d’un âge d’or : les années 1960, dans lesquelles Brigitte Bardot se sera jetée à corps perdu. C’était sans doute la dernière de cette poignée de figures nouvelles et libres dans lesquelles la France a aimé se reconnaître au tournant de ces années », ajoute le journal suisse.
L’incarnation d’« une France en mutation »
Variety admet, de son côté, une « influence considérable », malgré une carrière « relativement courte ». « Elle a popularisé l’image de la jeune blonde pulpeuse et naïve au cinéma, notamment dans les films américains, par opposition à celle d’une blonde plus mûre et féminine comme Marilyn Monroe, explique le média américain. Cette audace, dans sa forme (sinon dans le fond), allait finir par séduire les Etats-Unis et d’autres pays, marquant la fin de décennies de censure. »
Le quotidien américain The New York Times ne mâche pas ses mots en titrant : « De sex-symbol à figure de l’extrême droite, Brigitte Bardot a incarné une France en mutation ». « Bardot n’était pas une figure consensuelle. On pourrait même dire que c’était l’une des premières stars problématiques de l’ère moderne », estime le journal.
En 1969, elle devint la première célébrité à servir de modèle à Marianne, symbole de la République ; mais bien avant de devenir Marianne, « Bardot portait déjà un fardeau encore plus lourd : elle était synonyme de la femme elle-même », écrit The New York Times. Après tout, le film qui fit d’elle une star au début de la vingtaine était Et Dieu… créa la femme.












