Avec notre correspondant à Conakry, Tangi Bihan
En renversant Alpha Condé, Mamadi Doumbouya avait promis de ne pas se présenter à l’élection présidentielle en Guinée. Le voilà pourtant bel et bien sur la ligne de départ, pour, selon son Premier ministre Bah Oury, consolider les acquis de la transition et poursuivre le développement économique du pays. Candidat discret, ses prises de paroles pendant la campagne se seront limitées à un clip et une allocution pré-enregistrés. Il aura laissé ses ministres défendre son bilan et son projet auprès des électeurs sur le terrain.
Face à lui, un challenger a émergé en la personne d’Abdoulaye Yéro Baldé. Cet ancien ministre de l’Enseignement supérieur avait quitté le gouvernement d’Alpha Condé pour protester contre son projet de troisième mandat. Autre voix critique, Faya Millimouno, du Bloc libéral, n’aura cessé, durant toute la transition, de dénoncer les disparitions d’opposants ou la fermeture des grands médias audiovisuels. Également présents l’ancienne diplomate et ministre des Affaires étrangère Makalé Camara, seule femme candidate, et Mohamed Nabé, de l’Alliance pour le renouveau et le progrès.
Un scrutin enfin marqué par l’absence de figures qui ont marqué la vie politique guinéenne ces trente dernières années, comme Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo ou Sidya Touré, tous en exil. Leurs partis appellent leurs militants à rester chez eux. Les autres candidats à ce scrutin sont : Bouna Keita, Abdoulaye Kourouma, Mohamed Chérif Tounkara et Ibrahima Abé Sylla.
Une élection sous l’oeil de plusieurs observateurs
Une élection observée par plusieurs organisations internationales comme l’Union africaine, la Cédéao ou l’Union européenne. Mais aussi par des observateurs nationaux, dont les dispositifs sont déjà en place. Ils s’attendent à un scrutin calme, même s’ils pointent quelques risques.
Parmi les organisations de la société civile à déployer des observateurs, le Réseau ouest-africain pour l’édification de la paix (Wanep), qui se concentre sur les risques de violence. Pour son responsable Tamba Jean Tolno, même si la campagne s’est déroulée dans le calme, l’absence des grands partis politiques et leur appel au boycott constitue un risque.
« Les leaders ont appelé leurs militants à rester chez eux, à ne pas participer à ce scrutin. Les gens peuvent penser que boycotter ça veut dire empêcher ceux qui veulent voter d’aller voter, et ça peut mener à la violence. Voilà le risque principal que nous craignons lors de cette élection ».
Il se dit néanmoins rassuré par le dispositif sécuritaire déployé par les autorités. Autres observateurs : l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui), spécialisée dans les questions numériques. Si l’accès à Facebook est déjà bloqué depuis lundi, son président Baro Condé craint des restrictions plus larges, comme ce fut le cas pendant le référendum de septembre, cela entraverait leur travail.
« Si toutefois il y a une restriction de la qualité et du début d’Internet, cela pourrait affecter le travail d’observation de l’Ablogui, même si derrière nous avons quand même développé des outils de résilience qui permettront après à nos observateurs de remonter les données, mais elles seront remontées plus tard. » Ces organisations présenteront leurs premiers rapports dès le 28 décembre.
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