L’Ardèche en pente douce. Au rythme des petits cailloux blancs qui crissent sous la roue, la progression, lente et régulière, laisse le loisir d’admirer les collines verdoyantes, les terrasses autrefois dévolues aux cultures, ou les maisons de famille, pierres apparentes, volets bleus et tuiles provençales. En contrebas, autour des gros rochers polis par le temps, les eaux noires de l’Eyrieux tantôt tourbillonnent, tantôt s’écoulent nonchalamment.
La Dolce Via, itinéraire réservé aux piétons et cyclistes, est l’une des véloroutes les plus belles de France, selon un avis amplement partagé. La route de 75 kilomètres, construite sur l’emprise d’une ancienne voie ferrée, offre une remarquable unité de lieu, de temps et d’action. Un défi, aussi, puisqu’il s’agit de grimper de La Voulte-sur-Rhône, au bord du fleuve, à 100 mètres d’altitude, à Saint-Agrève, dans les monts du Vivarais, 950 mètres plus haut. Le parcours s’effectue rarement en une seule journée, et le plus souvent avec une assistance électrique.
L’aventure commence sur les rives du Rhône, où la Dolce Via se détache de la ViaRhôna, sa grande cousine qui longe le fleuve. Ici, la vallée de l’Eyrieux apparaît comme un canyon encaissé, jalonné de villages tranquilles posés à bonne distance de la rivière au rythme cévenol, sur quelque éperon rocheux. L’altitude reste basse, le climat local propice à la plantation d’arbres fruitiers. Des cyprès s’élèvent çà et là dans les propriétés. Ils signalent aux initiés les cimetières familiaux protestants, depuis qu’au XVIIIe siècle les familles de réformés s’établissaient clandestinement dans les vallées ardéchoises en dissimulant leur bible sous quelque pierre.
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