« Tout le monde préférerait passer le réveillon en famille ». Sur les quelques barrages toujours maintenus dans le Sud-Ouest, des agriculteurs ont célébré le réveillon de Noël ce mercredi 24 décembre, après une dizaine de jours de mobilisation contre la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
Sur l’A64 à Carbonne, au sud de Toulouse, une nouvelle tonnelle longue de près de 40 mètres a été installée pour abriter, à 21 h, la messe de Noël. Elle s’est tenue devant plusieurs centaines d’agriculteurs et d’habitants des environs.
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« On a reçu 20 douzaines d’huîtres et ce matin des gens ont porté des bûches », s’est réjoui Frédéric Meynard, céréalier et membre des Ultras de l’A64. Des boîtes de chocolats et des pots de miel sont venus s’ajouter aux kilos de vivres et de boissons stockés dans deux conteneurs, constamment pleins depuis le début du blocage.
Sapins, boules, guirlandes…
Déjà passé plusieurs fois sur le barrage en soutien, Fabrice Graglia a dit regretter que le gouvernement n’écoute pas les revendications des agriculteurs. Il est venu s’assurer que les manifestants ne manquaient de rien pour le réveillon. « Je leur ai proposé du champagne pour qu’ils égayent un peu leur soirée », confie cet agent SNCF de 49 ans, entouré de ses deux fils. « C’est un peu triste de les voir rester fêter Noël ici », déplore Nathan Graglia, étudiant en informatique à Toulouse.
Reçus mardi soir par le préfet de Haute-Garonne, les Ultras de l’A64 ont décidé de poursuivre le mouvement, faute de « solutions » suffisantes apportées par l’État, notamment concernant la crise de la dermatose mais aussi les difficultés des céréaliers du département.
Sur le blocage, au même endroit que lors du mouvement agricole de janvier 2024, plusieurs sapins ont été décorés de boules et de guirlandes pour amener un peu d’esprit de Noël.
Un peu plus loin, sur l’A64 à Briscous (Pyrénées-Atlantiques), la messe de minuit s’est tenue à 22 h 30, selon la Coordination rurale 64, qui prévoit aussi une parade de tracteurs dans Pau jeudi soir.
Entre barnums et crèche
Sur le barrage de l’A63 à Cestas au sud de Bordeaux, quelques dizaines de manifestants se sont retrouvés pour un réveillon « façon auberge espagnole » sous le pont de l’échangeur d’autoroute, entre barnums, planchas, réchauds à gaz et crèche illuminée, a constaté un journaliste de l’AFP, avec un marché de producteurs et une messe aussi prévue.
Selon la gendarmerie, la circulation était toujours entravée mercredi matin sur l’A63 au sud de Bordeaux, sur l’A64 qui longe les Pyrénées de Toulouse à Bayonne, sur l’A65 à Thèze (Pyrénées-Atlantiques) et sur l’A75 en Lozère et en Aveyron. En début de soirée, le ministère de l’Intérieur recensait 15 actions mobilisant 140 personnes.
« On va continuer à se battre, pour arriver à changer la règle sur l’abattage, amener des solutions à nos céréaliers. (…) On veut que tous ces agriculteurs qui sont dans le dur, arrivent à passer le cap de l’année 2026 », avait déclaré mardi soir Jérôme Bayle, figure de la contestation, à l’issue d’une rencontre avec le préfet de Haute-Garonne.
Un nouvel an sur l’autoroute ?
« Malheureusement, on a un interlocuteur qui est borné, mais on est déterminé. C’est la survie de nos exploitations qui est en jeu, donc s’il faut y passer un mois, on y passera un mois », a déclaré à l’AFP Benjamin Roquebert, autre éleveur mobilisé à Carbonne.
Depuis le début de l’épidémie en Savoie cet été, l’État tente de contenir la propagation du virus en se basant sur « trois piliers » : l’abattage systématique d’un troupeau dès la détection d’un cas, la vaccination et la restriction de mouvements. Une gestion fortement contestée par une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat de la profession) et de la Confédération paysanne (troisième), qui rejettent cette stratégie d’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté.
Malgré l’arrivée du froid et des nuits plus rudes, le blocage ne sera donc pas levé tant que les revendications des agriculteurs ne seront pas « entendues et considérées », a prévenu le céréalier Frédéric Meynard. Un nouvel an sur l’autoroute ? « On ne l’espère pas, mais s’il faut en arriver là on le fera ».
Un nouveau foyer majeur de dermatose nodulaire confirmé en Haute-Garonne
Malgré la rencontre entre Macron et les syndicats, des réveillons de Noël sur les barrages prévus









