Juan Carlos Martinez Lazaro est professeur d’économie à l’IE University, à Madrid. Selon lui, à court terme, la croissance espagnole devrait se poursuivre. Mais les faiblesses structurelles qui pèsent de longue date sur l’économie du pays, en particulier le chômage et la crise du logement, contribuent à une croissance inégalement ressentie dans la population.
Quels facteurs expliquent qu’aujourd’hui l’Espagne soit l’économie à la croissance la plus rapide en Europe ?
La croissance actuelle repose sur une conjonction de facteurs qui se renforcent mutuellement. Le premier tient à l’arrivée d’immigrés ces dernières années, qui a entraîné une hausse significative de la population : près de 1,5 million de personnes en plus depuis 2023, pour un pays d’environ 49 millions d’habitants. Cet afflux élargit à la fois le marché du travail et la consommation.
Le deuxième facteur, étroitement lié au précédent, est la progression de l’emploi. L’Espagne a dépassé les 22 millions de personnes en activité. Le taux de chômage demeure élevé, autour de 10 %, mais l’emploi continue d’augmenter. Troisièmement, le tourisme. Depuis 2023, les records historiques se succèdent. Le nombre de visiteurs devrait frôler les 100 millions cette année et, surtout, les recettes touristiques progressent d’environ 7 %, ce qui représente des montants considérables. En 2024, plus de 126 milliards d’euros sont ainsi entrés dans l’économie.
Enfin, il faut mentionner le déploiement des fonds européens de relance mis en place après la pandémie (programme NextGenerationEU, en tout 56,7 milliards d’euros, selon les chiffres du gouvernement publiés en octobre), que l’Espagne a su mobiliser efficacement. L’ensemble de ces facteurs s’autoalimente, entraînant l’économie dans une spirale positive.
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