- La cour d’appel de Paris a remis au 23 janvier la suite du procès en appel du cinéaste.
- Ce vendredi après-midi, la cour n’a eu le temps de procéder qu’à l’interrogatoire du réalisateur de 60 ans.
- Il est accusé d’agressions sexuelles par l’actrice Adèle Haenel entre ses 12 et 14 ans.
Une après-midi n’était pas suffisante. La cour d’appel de Paris a décidé, vendredi 19 décembre, de remettre au 23 janvier la suite du procès en appel du cinéaste Christophe Ruggia. Le réalisateur est jugé pour agressions sexuelles sur l’actrice Adèle Haenel entre ses 12 et 14 ans. À 20h, la cour avait seulement eu le temps de procéder à l’interrogatoire laborieux de l’homme de 60 ans, tandis que la comédienne trépignait sur le banc de la partie civile. Le dossier n’était prévu pour être audiencé que sur une après-midi.
Lors d’un interrogatoire long de cinq heures, le cinéaste s’est enfermé dans le déni, martelant comme depuis le premier jour n’être « ni un agresseur sexuel, ni un violeur, ni un pédophile ou quoi que ce soit de ce genre »
. Christophe Ruggia est poursuivi pour agressions sexuelles de 2001 à 2004 sur la comédienne dans la foulée de l’éprouvant tournage du film d’auteur Les diables
, où le réalisateur de 24 ans son aîné avait offert à la jeune adolescente son premier rôle de cinéma.
« Si j’avais fait ce qu’elle m’accuse d’avoir fait, avoir mis la main dans son pantalon ne serait-ce qu’une fois, je n’aurais jamais pu me regarder dans la glace et j’aurais cessé immédiatement de la voir. Ça n’est jamais arrivé »,
s’est indigné Christophe Ruggia devant la cour. Pour justifier les visites d’Adèle Haenel à son domicile parisien chaque samedi après-midi, il s’est présenté en passeur de culture pour une jeune comédienne faisant ses premiers pas dans le métier, avide de conseils et de découvrir le monde.
Audience sous tension
De manière constante, de sa première prise de parole publique au premier procès électrique de décembre 2024, Adèle Haenel décrit à l’occasion de ces rendez-vous des caresses répétées et non consenties de Christophe Ruggia sur son corps de collégienne. « Et moi je me tends, mon corps se crispe, je me recroqueville dans un coin du canapé »,
avait témoigné à la barre, en première instance, la comédienne. S’il concède une « souffrance authentique »
de la part de l’actrice aujourd’hui âgée de 36 ans, le réalisateur attribue ses accusations à une « reconstruction »
mentale postérieure de sa part. D’après lui, Adèle Haenel, qui avait à l’époque du mal à décrocher un autre rôle après Les diables
, lui en aurait voulu de ne pas pouvoir tourner dans le film suivant qu’il préparait.
En raison du report de l’audience, Adèle Haenel, extrêmement nerveuse et agitée, n’a pas eu l’occasion d’être appelée à la barre vendredi. En février dernier, les démentis répétés du prévenu avaient déjà excédé l’actrice, qui a tourné le dos au monde du cinéma. Dans cette affaire emblématique du #MeToo du cinéma français, révélée en 2019 dans une enquête de Mediapart, Christophe Ruggia avait alors été condamné à quatre ans de prison, dont deux ferme à effectuer sous bracelet électronique.
Dans son jugement de première instance, le tribunal de Paris avait estimé que le prévenu avait profité de son « ascendance »
sur l’actrice débutante, « conséquence de la relation instaurée »
pendant le tournage du film Les diables
. À l’occasion des rendez-vous hebdomadaires à son domicile, Christophe Ruggia « continuait d’exercer son autorité de réalisateur, (l’adolescente) n’était pas en mesure de s’opposer ni de s’extraire de cette emprise »,
ont estimé les juges.












