« On en a assez. » Mains plongées dans les poches de son jean, regard figé derrière ses lunettes rectangulaires, pieds bien ancrés au sol, stable sur ses appuis, Thierry (les personnes dont le nom n’est pas mentionné s’expriment sous le couvert de l’anonymat) ne mâche pas ses mots. Sa posture ne trompe pas, cela fait maintenant vingt-huit ans qu’il est agent de sécurité. Derrière lui, des affiches de la CGT Seris, prestataire de sécurité privée, revendiquent une augmentation des salaires et des drapeaux bicolores du syndicat arborent le trottoir. Devant le siège de l’Oréal, entreprise cliente de Seris, à Clichy (Hauts-de-Seine), au nord de Paris, ils sont une vingtaine d’agents de sécurité privés à endosser les couleurs de l’organisation syndicale, jeudi 18 décembre. « Se réunir devant le géant du cosmétique, avant la période de forte affluence des fêtes, est un symbole frappant pour dénoncer l’écart entre leurs gains et nos salaires d’agent de sécurité », clame Laurent Dumontier, secrétaire de la CGT Seris.
Dans un secteur qui compte plus de 180 000 salariés, Seris s’impose comme le premier groupe français sur le marché de la sécurité des biens et des personnes avec près de 6 000 agents. L’entreprise est un symbole de l’externalisation qui caractérise le secteur. Un dispositif moins coûteux pour les entreprises clientes qui n’emploient pas directement des salariés. « Rares sont les sociétés qui détiennent un service de sécurité en interne, décrypte Guillaume Farde, professeur à Sciences Po et consultant police-justice à LCI-TF1. Dès les années 1990, les entreprises se sont tournées vers des prestataires externes, à l’image des sociétés de nettoyage, pour faire des économies d’échelle. » Un système synonyme de salaires bas et de conditions de travail précaires.
Il vous reste 65.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.












