Une semaine après les premières protestations autour d’une ferme ariégeoise, la mobilisation contre la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) se poursuit mercredi 17 décembre, avec plusieurs axes routiers et ferroviaires bloqués. Depuis mardi, des agriculteurs ont pris place sur les voies autoroutières et empêchent également la circulation des trains entre Toulouse et Narbonne, sur l’axe Bordeaux-Marseille.
Mercredi matin, l’autoroute 61 (A61) était toujours bloquée en direction de Toulouse au niveau de Villefranche-de-Lauragais, en Haute-Garonne, selon Vinci Autoroutes. Plusieurs tracteurs se sont engagés mercredi matin sur l’A9, escortés par les gendarmes, et s’apprêtent à emprunter l’A61 pour rallier Carcassonne, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
« Notre confiance envers les services de l’Etat a été rompue. Mercosur, PAC, rémunération, taxe carbone, gestion de l’eau : tous les ans on subit des problèmes de plus en plus gros. Il y en a marre », ont déclaré des représentants des Jeunes Agriculteurs avant d’entrer sur l’autoroute en direction de Carcassonne, où un rassemblement intersyndical est prévu devant la préfecture. Des points de blocage autoroutiers persistent également sur l’A20 au niveau de Brive et Cahors ; sur l’A63 au sud de Bordeaux ; sur l’A64 entre Toulouse et Bayonne, où à Carbonne des agriculteurs ont passé une cinquième nuit sur un barrage ; et sur l’A89 dans le secteur de Périgueux, détaille Vinci Autoroutes.
« Une colère qui vient de loin »
En réponse, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a appelé mercredi à « l’apaisement » face aux manifestations et blocages routiers qui se poursuivent malgré ses annonces sur l’amplification de la vaccination contre la dermatose dans le Sud-Ouest. « C’est une colère qui vient de loin. Il faut la mesurer, il faut la comprendre. Il y a la question de la DNC qui, sur ce territoire d’Occitanie qui est un territoire pauvre, est une difficulté. Mais je le dis, d’abord, pas de violence […] et pas de dégradation non plus », a-t-elle déclaré dans une interview sur RTL.
Se disant « préoccupée » par la situation, elle a souligné que les blocages routiers survenaient au moment des fêtes. « Donc moi, je dis pas de blocage […] les Français sont auprès de leurs agriculteurs, mais s’ils empêchent les gens de rejoindre leur famille […]. Là, je pense que la population ne sera plus du tout d’accord. Donc j’invite chacun à l’apaisement à l’approche de Noël. »
Mardi, la ministre a annoncé, à l’issue de deux réunions de crise à Matignon, une amplification de la vaccination dans dix départements du Sud-Ouest pour créer un « cordon sanitaire » qui s’étend au-delà des zones où la vaccination était obligatoire en raison de la détection de ces foyers. Quelque 750 000 bovins sont concernés.
« La meilleure façon de protéger et d’éviter précisément qu’on ne perde des animaux est de vacciner », a-t-elle ajouté, ne remettant pas en cause la politique d’abattage total des foyers infectés, très contestée par la Confédération paysanne et la Coordination rurale. Elle a enfin exclu un accompagnement policier des vétérinaires mobilisés pour la vaccination, dont certains ont été victimes de menaces, appelant à « abandonner toute violence ». Interrogée sur l’intervention du premier ministre, au lendemain d’une séance de questions à l’Assemblée nationale tendue sur le sujet de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), elle a nié être désavouée : « Avez-vous déjà vu un premier ministre qui, quand une crise est nationale, ne s’en mêle pas ? »














