Un déclic. Depuis que l’or a franchi en octobre la barre des 4 000 euros l’once, soit plus de 110 euros le gramme, un niveau qu’on n’avait plus vu depuis les années 1980, les comptoirs spécialisés ne désemplissent plus. « On voit revenir des profils qu’on n’y voyait plus : primo-épargnants, cadres, retraités prudents », observe Alexis Monceaux, directeur général de Godot & Fils. Estimations de bijoux, ventes opportunistes, achats de lingotins ou de napoléons : le réflexe or revient au premier plan.
L’année 2025 aura été singulière. Dans un monde secoué par l’inflation résiduelle, les tensions géopolitiques et les doutes sur la dette publique, le métal jaune a multiplié les records. Selon le World Gold Council (WGC), la demande mondiale a atteint 1 313 tonnes au troisième trimestre, un plus haut en vingt-cinq ans, pour une valeur record d’environ 146 milliards de dollars sur le trimestre.
Au premier semestre, la demande progressait déjà de 3 % en volume, mais surtout de 45 % en valeur, dopée par les exchange traded funds spécialisés sur le métal jaune et l’envolée des achats physiques. L’once a ensuite bondi jusqu’à 4 000 dollars début octobre, soit + 50 % depuis janvier, avant une correction éclair de − 6,3 %, la plus brutale depuis 2013.
« Un changement de régime »
Derrière cette flambée, une demande qui explose, alors que l’offre progresse à peine. La joaillerie recule, pénalisée par des prix dissuasifs. La production minière et le recyclage, eux, ne bougent presque pas, maintenant une tension structurelle qui renforce encore l’attrait du métal.
Pour Arnaud du Plessis, expert en matières premières chez CPR AM, le tournant est évident : « 2025 n’est pas une simple année de hausse, mais un changement de régime. » L’analyste pointe une recomposition profonde des moteurs du marché : accumulation historique des banques centrales, inquiétudes sur la soutenabilité des dettes publiques, risques géopolitiques croissants, interrogations sur le rôle du dollar. Les réserves d’or officielles ont atteint leur plus haut niveau en près de quarante ans, notamment sous l’impulsion des pays émergents, décidés à réduire leur dépendance aux devises étrangères.
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