- Féliciter une perte de poids semble naturel, mais cela peut être maladroit.
- Elle peut résulter de raisons médicales ou psychologiques, pas uniquement d’efforts personnels.
- Il vaut mieux privilégier des compliments sur le bien-être mental que des « compliments » sur le physique.
Lorsqu’une personne de notre entourage perd du poids, on a tendance à la féliciter. Lui dire « que ça lui va bien », « qu’elle est superbe ». Cette perte de poids est remarquée, commentée et parfois, il arrive de lui demander « comment tu as fait ? ». Parce que souvent, la perte de poids est considérée comme un événement, un accomplissement, une victoire. Dans l’imaginaire collectif : être mince signifie être bien portant. Avoir de l’embonpoint, c’est du laisser-aller. « Malheureusement, aux yeux de la société, les personnes gagnent de la valeur en maigrissant, parce que les traits de caractère d’une personne mince ne sont pas péjoratifs »
, explique le docteur Vanessa Folope, médecin responsable du Centre de Nutrition Bois-Guillaume et du Centre Spécialisé Obésité Haute-Normandie, interrogée par Marie-Claire
.
Connaître la « méthode » des personnes qui ont perdu du poids, permettrait de décrocher cette « victoire ». Toutefois, demander à une personne comment elle a fait pour perdre du poids est une question maladroite. Certes, parfois, les kilos qui disparaissent sont le résultat d’un rééquilibrage alimentaire, d’une discipline sportive, d’un régime suivi par un spécialiste de santé. Mais, dans certains cas, la perte de poids peut être le résultat d’autre chose : une maladie, une dépression, un traitement médical lourd, un trouble du comportement alimentaire. « Demander ‘comment’ présuppose que plus mince signifie automatiquement plus sain, plus heureux ou meilleur. Or, ce n’est pas le cas
« , souligne Rachel Needle, docteure en psychologie dans un article publié dans Psychology Today.
Un compliment qui peut faire du mal
De plus, derrière le compliment, « tu es superbe » après une perte de poids peut particulièrement être blessant pour la personne. Notamment si cette dernière ne se trouvait pas belle ou mal dans sa peau. Ce compliment renforce sa croyance, qu’avec les kilos supplémentaires, elle n’était pas belle, pas assez bien et surtout, cela attire l’attention sur un corps qu’elle est en train d’apprivoiser ou en train de s’adapter à des changements. Cela peut même engendrer de l’anxiété ou une peur de jugement. Pour Rachel Needle, « cela renforce l’idée que l’apparence détermine la valeur d’une personne
« . Par ailleurs, recevoir souvent ce genre de compliment peut également « encourager la personne à être dans un contrôle permanent de son apparence. Ce qui entraîne une restriction. Et qui dit restriction, dit frustration et donc risque de compulsion. Encourager quelqu’un qui a perdu du poids peut déclencher des troubles du comportement alimentaire, autant chez l’émetteur que chez le récepteur »
, souligne la psychothérapeute Anne Landry à Marie-Claire.
De la victoire à la culpabilité
Enfin, la question du « comment tu as fait », surtout aujourd’hui, avec l’essor des médicaments tels que l’Ozempic, Wegovy et Mounjaro, cache un sous-texte : « est-ce que tu as triché ? » »Nombreux sont ceux qui présument que tout changement visible est forcément dû à la prise de médicaments et qui posent la question avec un jugement ou une envie à peine dissimulée : « As-tu pris l’un de ces médicaments ? » est devenu le nouveau as-tu eu recours à la chirurgie esthétique
« , note la docteure en psychologie. Résultat : pour la personne qui a perdu du poids en fournissant des efforts, en suivant un programme, se retrouve coupable ou sur la défensive. Ainsi, plutôt que de commenter une perte de poids ou demander comment la personne a fait, il vaut mieux s’abstenir ou ne pas se focaliser sur le corporel, mais le mental en disant : « je suis vraiment content que tu ailles bien ».










