« Considérez que les sans-voix doivent avoir des droits et qu’on ne peut pas leur faire subir n’importe quoi parce qu’ils ne peuvent pas dénoncer qui que ce soit. » Ce poème d’Hugo Thurin-Poueyto, jeune homme autiste non verbal, victime de violences sexuelles commises par son auxiliaire de vie quand il avait 14 ans, a conclu le colloque organisé par la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), mercredi 3 décembre à Paris, à l’occasion de la journée internationale des personnes en situation de handicap. L’objectif de son président, Thierry Baudet, était de « lever un pan de la chape de plomb » qui pèse sur ces violences « à l’intersection de trois systèmes de domination : patriarcal, des adultes sur les enfants et des valides sur les personnes en situation de handicap ».
La première difficulté est de mesurer l’ampleur du phénomène. Marie Rabatel, présidente de l’Association française des femmes autistes et spécialiste du handicap à la Ciivise, a déploré une « invisibilisation statistique » des victimes. Les rares données, souvent citées, proviennent d’une méta-analyse internationale, publiée en 2012 par The Lancet : les enfants en situation de handicap ont trois fois plus de risque d’être victimes de violences sexuelles que les autres enfants, et jusqu’à cinq fois en cas de déficience intellectuelle.
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