- Près d’une pharmacie ferme chaque jour en France, à la campagne comme en plein centre-ville.
- Les raisons sont multiples, comme le montre ce reportage en Haute-Garonne du JT de TF1.
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Le 13H
À 100 mètres du Capitole, à Toulouse (Haute-Garonne), une lumière s’est éteinte pour de bon. Celle qui émanait d’une grosse croix verte, surplombant désormais un rideau baissé. « C’est quand même assez bizarre qu’il y ait une pharmacie qui ferme en plein centre-ville, parce que c’est toujours censé attirer du monde »
, réagit une riveraine incrédule, interrogée par TF1 dans le reportage du JT de 13H à retrouver dans la vidéo en tête de cet article. Cette officine a, comme tant d’autres, été placée en liquidation judiciaire par un tribunal de commerce. Près d’une pharmacie ferme chaque jour en France, où leur nombre a baissé de 10% ces dix dernières années. Se dirige-t-on maintenant vers des déserts pharmaceutiques ?
« La rémunération de la vente des médicaments est très faible. C’est piloté par la Sécu, donc les marges des pharmaciens sont très faibles »
, tient à rappeler un habitant de la Ville rose. Autres éléments d’explications parallèles : l’augmentation des charges fixes et une concurrence exacerbée, particulièrement en ville, où les grandes chaînes cassent les prix et proposent des produits parapharmaceutiques introuvables dans les officines traditionnelles, pendant que les pharmacies de campagne souffrent, elles, plutôt de la baisse du prix des génériques, dont elles dépendent presque à 100%.
Dans tous les cas, les difficultés rencontrées sont d’ordre financier et mettent à mal un maillage territorial constituant un enjeu de santé publique, s’agissant d’une nouvelle dégradation de l’accès aux soins dans l’Hexagone. « Nous avons à peu près 85% de fermetures sèches définitives aujourd’hui, c’est-à-dire sans repreneur, donc très peu de fusions et de reprise de patientèle »
, éclaire face à notre caméra Philippe Vergnes, président du syndicat des pharmaciens de la Haute-Garonne.
En voie de disparition… ou de diversification
À Aussonne, commune rurale située à 20 km de Toulouse, le pharmacien Nicolas Laurens entreprend, pour sa part, de lutter contre cette fatalité : voilà déjà cinq ans qu’il a transformé sa petite officine, très classique, en grande surface, aux sens propre et figuré. « Maintenant, notre pharmacie fait 600 m² au total, avec un espace de vente de 300 m²
, détaille-t-il. Et ça, ça nous permet de proposer le plus de choses possibles pour nos patients. Entre autres, beaucoup plus de dermocosmétiques. »
En effet, il n’y a pas que la taille qui compte. Pour la profession dans son ensemble, la voie du salut passe immanquablement par la diversification. « Il faut développer les missions du pharmacien
, insiste Nicolas Laurens. On a des missions de vaccination, d’entretien pharmaceutique,pour le dépistage des infections urinaires… Il faut être multiservice, c’est vraiment le mot. Parce que se cantonner à un secteur d’activité, comme les dermocosmétiques, aujourd’hui, ça ne suffit plus. »
Les chiffres, pour l’heure, lui donnent raison : quand un quart des officines françaises voient leur vente régresser, les siennes ont été multipliées par trois. Le fossé se creuse entre les petites structures et celles qui parviennent à se métamorphoser.










