Avec notre envoyé spécial à Jénine, Lucas Lazo
À Jénine, en Cisjordanie occupée, pour la fratrie Abdullah, il y a d’abord le choc. « C’est un sentiment indescriptible de tristesse que de découvrir l’assassinat de son propre frère à la télévision ».
Après la sidération, il faut trouver les mots, expliquer aux enfants du défunt, il en avait trois, c’est Qassem, le grand frère, leur oncle, qui s’y essaie. « Les enfants sont trop jeunes, comment leur expliquer ces choses-là ? Qu’est-ce que je peux bien leur dire, ils ne comprendront pas si je leur explique que leur père est tombé en martyr ».
S’installe ensuite le deuil, difficile, car pour l’heure, les funérailles sont suspendues, explique l’un des membres de la famille Abdullah. « Nous attendons toujours que le corps nous soit rendu, et si Dieu le veut, nous l’enterrerons, car pour pouvoir rendre hommage à un mort, il faut pourvoir l’enterrer ».
Vient enfin, la colère, c’est Fadhi, l’aîné de la fratrie qui l’exprime : « Ils font exprès, pour faire encore plus mal, pour que tu restes à te ronger le cœur, pour que la douleur augmente encore. Au final, nous sommes tous condamnés sans jugement. Nous sommes un peuple condamné à mort, la vie n’est rien d’autre qu’un sursis ».
Face à ce qu’il perçoit comme l’impunité de l’armée israélienne en Cisjordanie, Fadi juge ironique qu’au même moment la Knesset débatte d’un texte pour introduire la peine de mort contre des Palestiniens condamnés pour terrorisme.
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