- Adem, Amza et Youssef, trois jeunes adultes conduits de force en Syrie par leurs parents, demandent à l’État de réexaminer leur situation en faveur d’un rapatriement vers la France.
- Une décision sera rendue dans une quinzaine de jours par le tribunal administratif de Paris, a annoncé leur avocate ce lundi.
- Cette dernière estime qu’il y a une urgence devant les conditions de vie des trois hommes.
Suivez la couverture complète
Syrie : la difficile transition après la chute de Bachar al-Assad
Adem, Amza et Youssef obtiendront-ils gain de cause ? Conduits en Syrie par leurs parents lorsqu’ils n’étaient encore que mineurs, trois jeunes Français désormais majeurs veulent contraindre l’État à réexaminer leur situation avec l’espoir d’obtenir un rapatriement. Après une audience fin novembre, le tribunal administratif de Paris devrait rendre sa décision dans une quinzaine de jours, a annoncé lundi 1er décembre leur avocate, Me Marie Dosé.
Youssef Boudouaia, Adem Clain et Amza Benabed, aujourd’hui âgés de 22 à 23 ans, n’avaient qu’entre 11 et 12 ans quand leurs parents les ont emmenés en Syrie, décidés à rejoindre l’organisation État islamique (EI). Lors de la chute du « califat »
, il y a six ans, ils ont été enfermés dans des camps tenus par les forces kurdes, dans lesquels ils ont atteint la majorité.
Des demandes de rapatriement rejetées en 2024
Mais leurs demandes de rapatriement ont été rejetées en 2024 par le ministère des Affaires étrangères français, qui a invoqué « la situation sur place, particulièrement complexe et dangereuse »
rendant « les opérations de rapatriement extrêmement difficiles à mener »
. Sauf que pour Marie Dosé, l’avocate des trois jeunes, il y a urgence pour « ces jeunes majeurs qui ont été emmenés en Syrie et qui n’ont rien choisi »
.
Youssef Boudouaia, originaire de Strasbourg et emprisonné au camp d’Orkesh dans le nord-est syrien, présente des blessures multiples sur tout le corps et notamment à la tête. « Il est handicapé »
, appuie son avocate qui l’a rencontré en Syrie en février 2024. « Il fait des crises d’épilepsie tous les jours, c’est un cauchemar pour lui »
.
La France a décidé de le transférer en Irak pour qu’il soit condamné à mort avec une peine qui sera commuée en peine à perpétuité
La France a décidé de le transférer en Irak pour qu’il soit condamné à mort avec une peine qui sera commuée en peine à perpétuité
Me Marie Dosé, avocate d’Amza, transféré en Irak
Adem Clain, le fils de Fabien Clain, l’un des jihadistes ayant revendiqué les attentats du 13 novembre 2015 en France, est lui aussi détenu dans le camp d’Orkesh où cette même avocate a constaté une grave blessure à la jambe. Concernant Youssef Boudouaia et Adem Clain, le rapporteur public a conclu devant le tribunal administratif que le refus de rapatriement était « arbitraire »
et s’est prononcé en faveur du réexamen des demandes.
Le troisième requérant, Amza Benabed, a été transféré en Irak, ce que son avocate déplore avoir appris seulement « lors de l’audience ». « La France a décidé de le transférer en Irak pour qu’il soit condamné à mort avec une peine qui sera commuée en peine à perpétuité »
, s’indigne l’avocate, qui a rappelé à l’audience que son client est aveugle de l’œil gauche, blessé à l’épaule et à la tête, et « tombe régulièrement dans les pommes »
. En septembre dernier, la France avait rapatrié dix enfants et trois femmes. Cette opération était une première depuis juillet 2023.










