JUSTICE – Après deux jours d’écoute, Gisèle Pelicot s’est enfin exprimée. Au troisième jour du procès en appel des viols de Mazan, la principale victime de ce dossier symbolique des violences sexuelles faites aux femmes s’est directement adressée au seul accusé encore présent pour ce procès en appel.
Ce mercredi 8 octobre était également l’occasion pour l’ex-femme de Dominique Pelicot de rappeler le sens de sa présence à ce nouveau procès. Alors qu’elle n’était pas tenue d’être présente à l’audience. « Mon avocat m’avait prévenu que je pouvais ne pas venir mais j’ai préféré venir, notamment pour expliquer comment on ne soupçonne pas l’impensable », a-t-elle commencé par expliquer à la barre.
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Elle a poursuivi sa prise de parole en réaffirmant qu’elle n’avait « jamais rencontré cet individu ni échangé avec lui ». Cet homme, qui est le seul des 51 accusés à avoir maintenu son appel est Husamettin Dogan, ex-ouvrier de 44 ans. Malgré sa condamnation en première instance à neuf ans de prison, il continue de nier toute intention de violer Gisèle Pelicot.
Avant la prise de parole de Gisèle Pelicot, cet homme avait été confronté aux vidéos tournées par Dominique Pelicot le 28 juin 2019, jour où il s’était rendu à leur domicile de Mazan. On y voit l’accusé réaliser plusieurs actes sexuels sur Gisèle Pelicot, totalement inerte et ronflant parfois fortement. Husamettin Dogan et Dominique Pelicot chuchotent pour éviter de la réveiller. À aucun moment, la victime ne manifeste la moindre activité. Le président l’a donc inondé de questions.
« Cette femme ne s’est jamais réveillée… Est-ce que les femmes réagissent comme ça ? » ou encore : « Est-ce qu’elle fait comme ça, une femme qui a du plaisir ? ». « Non monsieur le président », a-t-il répondu, admettant avoir eu honte en partant. Mais pour autant, il a fermement maintenu : « J’ai fait un acte sexuel, j’ai jamais violé personne », « c’est lui le manipulateur, c’est pas moi. C’est lui qui m’a attiré là-bas ».
Puis ce fut au tour de Gisèle Pelicot de s’exprimer face à un accusé qui s’enfonce dans le déni depuis le début du procès en appel. « Je l’ai vu se délecter devant les vidéos, alors j’ai envie de lui dire qu’il n’a rien compris. C’est un crime monsieur D. de violer une femme inconsciente. À quel moment avez-vous dénoncé ? Vous dites être parti précipitamment, 2 heures c’est long, j’ai honte pour vous », a-t-elle asséné.
« Assumez vos actes »
Chemisier blanc, gilet noir et blanc, Gisèle Pelicot, bien droite, la parole posée, a continué à accabler l’accusé : « A quel moment je vous ai donné le consentement ? Jamais ». « Dans cette salle d’audience les victimes sont toujours humiliées. Vous vous dites victime monsieur D. Victime de quoi ? La seule victime dans la salle, c’est moi. Assumez vos actes. J’ai honte pour vous », a-t-elle également lancé à l’adresse de celui qu’elle considère tout aussi « responsable de (s)a souffrance » que « Monsieur Pelicot ».
« Il a soumis une femme qui était insoumise. J’étais soumise chimiquement bien sûr », a lancé indirectement à son ex-mari cette femme, aujourd’hui âgée de 72 ans. La veille, Dominique Pelicot, simple témoin cette fois-ci avait dit : « on a vécu 50 ans ensemble. 40 ans où j’ai été impeccable, 10 ans où j’ai été misérable ».
À la barre, Gisèle Pelicot a aussi évoqué le « tsunami » familial qu’a déclenché l’affaire et dit « comprendre la souffrance » de sa fille Caroline Darian, qui a porté plainte contre son père qu’elle accuse de l’avoir agressée sexuellement et a publiquement accusé sa mère de pas la soutenir, remettant en cause son statut « d’icône » des luttes féministes. Un dernier sujet sur lequel Gisèle Pelicot a souhaité s’exprimer ce mercredi : « Arrêtez de dire que je suis une icône. C’est malgré moi. Je suis une femme ordinaire qui a levé le huis clos ».
Après cette prise de parole, ce second procès approchera de son terme. En première instance, 12 ans de prison avaient été requis contre l’accusé qui, poursuivi pour « viols aggravés », risque un maximum de 20 ans de réclusion. Les plaidoiries des avocats de la défense sont attendues en fin de journée ou plus probablement jeudi, avant le verdict.
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