- L’Etat et la Collectivité de Corse se sont entendus pour « généraliser l’enseignement bilingue » dans les écoles publiques de l’île, a affirmé ce vendredi 3 octobre le président autonomiste du conseil exécutif.
- Cette coofficialité du corse avec le français demeure cependant anticonstitutionnelle.
- Sa « sécurité juridique n’est pas acquise », a reconnu Gilles Simeoni.
Du nouveau pour les enfants en Corse. L’Etat et la Collectivité se sont entendus jeudi pour « généraliser l’enseignement bilingue
» dans les écoles publiques de l’île, s’est félicité Gilles Simeoni. Le président autonomiste du conseil exécutif l’assure : il veut créer « une coofficialité de fait
« .
Devant l’Assemblée de Corse, réunie en session jeudi et vendredi, Gilles Simeoni a fait valider à l’unanimité sa signature d’une « convention d’objectifs et de moyens entre l’Etat et la Collectivité de Corse pour renforcer l’offre d’enseignement bilingue et immersif
« .
Concrètement, ce texte – qui doit être signée par le préfet, le recteur et Gilles Simeoni – fixe six « objectifs stratégiques
« . Parmi eux : « généraliser l’enseignement bilingue et développer l’immersif
« , « assurer la continuité des parcours bilingues de la maternelle au lycée
« , former à la langue corse « l’ensemble de la communauté éducative
« , « faire de la langue corse une langue de communication dans l’école
» ou encore un « outil d’insertion professionnelle
« .
Un enseignement « inconstitutionnel »
L’enseignement bilingue immersif « favorise d’abord la langue régionale (…) puis intègre, dans une montée en charge progressive et continue, l’enseignement du et en français
« , précise l’académie sur son site internet (nouvelle fenêtre). « Nous voulons aller vers une coofficialité (du français et du corse, ndlr) dans les faits, c’est-à-dire construire une société qui soit bilingue de façon naturelle, progressive et apaisée
« , a assuré Gilles Simeoni qui s’exprimait en corse devant l’Assemblée insulaire.
Cette coofficialité avec le français est une demande de longue date des nationalistes, mais elle est aujourd’hui anticonstitutionnelle. Elle a été écartée par le gouvernement du projet de réforme constitutionnelle sur la Corse qui doit être présenté prochainement au Parlement. L’usage de la langue corse dans l’hémicycle insulaire, bien que fréquent, a d’ailleurs été jugé « contraire à la Constitution
» par le tribunal administratif, la cour administrative d’appel et le conseil d’État en juin dernier. De même, l’enseignement immersif à l’école publique a été jugé « inconstitutionnel
» par le Conseil constitutionnel en mai 2021 lorsqu’il a censuré la loi dite Molac sur l’enseignement des langues régionales.
Qualifiant cette convention de « geste politique et budgétaire fort
» en saluant la création depuis septembre de « 70 classes immersives
» dans le premier degré (maternelle et primaire), Gilles Simeoni a néanmoins reconnu que sa « sécurité juridique n’est pas acquise
« . « Si quelqu’un fait un recours contre notre délibération » prise après les débats tenus jeudi en langue corse ou « conteste un enseignement immersif devant un tribunal, il va gagner
« , a-t-il précisé.










