FRANCE – Feux de camp et fumigènes devant les dorures versaillaises. Dans le cadre d’une nouvelle journée de mobilisation nationale des agriculteurs français contre le projet d’accord commercial entre l’UE et le Mercosur, des d’agriculteurs se sont symboliquement emparés d’un emblème de l’Hexagone pour exprimer leur colère.
Très tôt, ce vendredi 26 septembre, une quinzaine de tracteurs et une centaine d’agriculteurs ont convergé par convois jusqu’au château de Versailles pour rappeler leur opposition ferme à cet accord de libre-échange avec des pays latino-américains qu’ils jugent défavorables à leur profession.
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C’est donc sur la place d’Armes, devant le célèbre château des Yvelines, qu’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a expliqué le but de cette action et des autres organisés en France. « Le sens de cette mobilisation, c’est évidemment attirer l’attention du chef de l’État », a-t-il déclaré. « Le chef de l’État doit réagir. Le Premier ministre doit nous recevoir urgemment. »
Il faut dire qu’en l’espace de quelques mois, la France, jusqu’ici très opposée à cet accord UE-Mercosur, semble se montrer moins défavorable. Un changement de posture qui a poussé la première alliance syndicale agricole FNSEA-Jeunes Agriculteurs à renouveler sa mobilisation ce 26 septembre. D’autant plus que Bruxelles a lancé le 3 septembre le processus de ratification du texte. L’heure est donc à la clarification de la position française pour les agriculteurs.
Sur place, ils en ont profité pour allumer un feu de camp et distribuer café et viennoiseries. Des fumigènes verts ont également été craqués dans ce lieu atypique où les tracteurs ne font habituellement pas partie du décor. « La révolte paysanne reprend à Versailles », pouvait-on lire sur une immense banderole déployée sur les tracteurs garés en ligne devant la résidence de Louis XIV et ses successeurs. Sur une autre, visible ci-dessus, on pouvait lire « 1789-2025 : rien n’a changé, les paysans crèvent la faim ». Une manière de rapprocher cette colère paysanne de celles qui avaient secoué la France en 1789. La présence de fourches était donc loin d’être un hasard.
L’action, organisée par la FNSEA et des Jeunes agriculteurs d’Île-de-France, comme le note Le Parisien, a finalement pris fin aux alentours de 10 heures du matin.
« Ce n’est qu’un avertissement »
Ailleurs en France, 70 actions organisées dans 65 départements ont été recensées à la mi-journée par les autorités. Sachant que jeudi, déjà, une dizaine d’actions symboliques avaient réuni près de 700 agriculteurs selon les chiffres de la police. Ce vendredi, plusieurs actions « coup de poing » ont également été annoncées dans certains supermarchés et centres commerciaux.
Mais pour la plupart, comme à Torvilliers, dans l’Aube, la mobilisation se déroulait dans le calme ce vendredi matin. Dans l’Hérault, dès 6 h 30, des banderoles ont été déployées sur les murs et la grille de la sous-préfecture de Lodève. Et des agriculteurs se sont également rassemblés près de Béziers, accompagnés de tracteurs, poids lourds et bennes.
« On continue à rester motivés, on reviendra s’il y a besoin cet hiver, à un moment où dans nos champs, ce sera plus facile », a également mis en garde Arnaud Rousseau. Cette mobilisation diffère en effet des grandes journées de blocage des hivers 2024 et 2025, car bon nombre d’agriculteurs sont retenus par les récoltes à cette période de l’année. « Ce n’est qu’un avertissement, la prochaine fois, ça sera plus sévère, on en a marre de se faire avoir », a déclaré à l’AFP le viticulteur et secrétaire général de la FDSEA de l’Hérault, Cédric Saur. « Ce qu’on veut, c’est vivre de notre métier. Il est hors de question de subir l’agriculture qu’on veut nous imposer », a-t-il ajouté.
En plus de la menace d’un accord de libre-échange avec le Mercosur (perçu comme une concurrence déloyale), les agriculteurs doivent aussi composer avec le relèvement à 15 % des droits de douane américains imposé depuis août à l’UE. Une nouvelle taxation qui touche tout particulièrement la filière vins et spiritueux.
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