Déjà dévastée par le cyclone Chido, Mayotte a été placée samedi 11 janvier en alerte cyclonique orange, en prévision du passage de Dikeledi au large du sud de cet archipel de l’océan Indien, a annoncé la préfecture de Mayotte. Le niveau orange implique dès à présent « l’arrêt de la circulation des barges » (les ferrys locaux), a précisé sur X la préfecture, qui tire la sonnette d’alarme au sujet d’« une dégradation significative des conditions météorologiques » dès samedi soir.
Cette vigilance s’accompagne désormais d’une vigilance jaune fortes pluies, ajoute le dernier bulletin de Météo-France. « Il faut se préparer sérieusement à l’éventualité d’un passage du cyclone au plus près et au déclenchement de l’alerte rouge », a averti la préfecture de ce département d’outre-mer de 320 000 habitants. A 9 h 46, heure locale (7 h 46, heure de Paris) samedi, Dikeledi se trouvait à moins de 700 kilomètres à l’est de Mayotte et à quelque 200 kilomètres des côtes malgaches, selon Météo-France. Il se déplace actuellement à la vitesse de 22 kilomètres par heure.
Le préfet, François-Xavier Bieuville, a précisé que le cyclone devrait, selon les prévisions, passer à moins de 110 kilomètres des côtes sud de l’archipel. « On a même des systèmes qui nous disent 75 kilomètres. Donc, on a quelque chose qui va toucher Mayotte de très près », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Mamoudzou samedi matin. « On sera probablement en alerte rouge ce soir », a-t-il fait savoir.
« Rien n’est laissé au hasard par rapport à l’arrivée de ce cyclone », a assuré le ministre des outre-mer, Manuel Valls, auprès de l’Agence France-Presse. Il a évoqué des « pluies fortes et continues » et des vents pouvant souffler jusqu’à 110 km/h. « Cependant, comme le nord », déjà fortement impacté par Chido, « est plus montagneux et qu’il y a des risques de coulées et de submersion, on est également très attentifs » à cette partie de l’île, a-t-il ajouté. Sept cents salariés de la sécurité civile sont notamment mobilisés, a-t-il souligné.
Dans son dernier bulletin, Météo-France prévoit « une importante dégradation pluvieuse et venteuse » au moment du passage de Dikeledi près de l’archipel, et annonce « de très fortes pluies pouvant générer des inondations ». Les prévisionnistes anticipent toutefois un affaiblissement de Dikeledi dans la nuit de samedi à dimanche « au stade de forte tempête tropicale, avant [qu’il ne] circul[e] au large du sud de Mayotte en journée de dimanche ».
« Mettez-vous à l’abri »
L’entrée en vigueur de cette alerte orange survient moins d’un mois après le passage du cyclone Chido, le plus dévastateur qu’ait connu le petit archipel de l’océan Indien en quatre-vingt-dix ans. Le préfet a demandé aux maires de rouvrir les centres d’hébergement (écoles, équipements municipaux, gymnases, etc.) qui avaient pu accueillir quelque « 15 000 personnes » lors de l’épisode cyclonique Chido. Il a également demandé « des positionnements de forces, notamment de pompiers » dans des « zones extrêmement fragiles de bidonvilles à Mamoudzou, à Koungou [côte nord de Grande-Terre], sur Petite-Terre à La Vigie ».
Les éventuelles coulées de boue constituent « des risques importants », a encore précisé le préfet. « Chido était un cyclone sec, on a eu très peu de pluie. Cette tempête tropicale est un événement humide, on va avoir beaucoup de pluie, on a des estimations à 150, 200 millimètres, ce qui (…), sur un sol déjà fragilisé (…) par Chido, risque d’entraîner des événements de cette nature. »
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« Mettez-vous à l’abri, confinez-vous, préparez des vivres, ne pas toucher un fil électrique, ne pas toucher votre compteur électrique », a rappelé le haut responsable, en plus de l’interdiction de circuler par voies terrestres ou maritimes.
Chido a causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France. Le passage de ce cyclone tropical intense a fait au moins 39 morts et plus de 5 600 blessés, en provoquant la destruction de très nombreuses habitations précaires et en dur du 101e département de France.
A Mayotte vendredi, les files d’attente devant les stations-service se sont allongées de manière exceptionnelle et les habitants s’approvisionnaient en packs d’eau, ont constaté des journalistes de l’Agence-France Presse.
Les cyclones se développent habituellement dans l’océan Indien de novembre à mars. Cette année, les eaux de surface sont proches de 30 °C dans la zone, ce qui fournit une énergie importante aux tempêtes. Ce phénomène de réchauffement climatique a été observé également cet automne dans l’Atlantique nord et le Pacifique.