L’ancien président du Suriname Dési Bouterse, condamné à vingt ans de prison pour le meurtre d’opposants et en fuite, est mort à l’âge de 79 ans, a annoncé mercredi 25 décembre le gouvernement dans un communiqué.
« Nous attendons des informations plus détaillées et définitives de la part des canaux officiels, mais nous voudrions présenter nos plus sincères condoléances à l’épouse, aux enfants et aux autres membres de la famille », a déclaré le président, Chan Santokhi. Le médecin de Dési Bouterse, Rabindernath Khoenkhoen, a confirmé « l’heure du décès à 6 h 50 ce matin » (10 h 50 heure de Paris), dans une déclaration à la presse.
Le président, Chan Santokhi, a appelé les partisans de l’ancien président à « rester dignes et à garder le calme, à maintenir la paix et l’ordre et à prier dans l’esprit de ces jours particuliers ».
Désiré Delano Bouterse, dit Dési Bouterse, est arrivé au pouvoir à la suite d’un putsch en 1980, cinq ans après l’accession de ce petit pays sud-américain à l’indépendance. Agé de 34 ans, il était alors sergent-major dans l’armée. Il s’est retiré en 1987 sous la pression internationale, mais est revenu au pouvoir en 1990 après un second coup d’Etat, cette fois sans effusion de sang. Dési Bouterse a quitté ses fonctions un an plus tard, avant d’être élu président en 2010 et de rester au pouvoir jusqu’en 2020.
Condamné par contumace pour trafic de cocaïne
En décembre 2023, la condamnation à vingt ans de prison de Dési Bouterse, prononcée en 2019, avait été confirmée en appel par la haute cour militaire. Depuis lors, il se cachait. L’ancien dictateur était jugé pour l’exécution par balle de quinze opposants – avocats, journalistes, hommes d’affaires, militaires – en décembre 1982. Ces opposants avaient été arrêtés, torturés puis exécutés au fort Zeelandia, le quartier général de l’armée. Trois d’entre eux avaient été tués, selon des témoignages, des mains du président, ce qu’il a toujours nié.
Ce n’est pas le seul déboire de Dési Bouterse avec la justice. En 1999, il avait été condamné par contumace aux Pays-Bas à onze ans de prison pour trafic de cocaïne. Interpol avait émis un mandat d’arrêt contre lui, mais son statut de dirigeant l’avait protégé de l’extradition.
Le corps de Dési Bouterse, qui restait très populaire au Suriname, a été transporté jusqu’à sa résidence dans la capitale, Paramaribo, où sa famille et ses partisans se sont rassemblés aux premières heures de la matinée pour lui faire un dernier adieu.
« C’est avec une profonde tristesse que le parti a appris le décès inattendu de notre père spirituel », a écrit sur Facebook la présidente du Parti national démocratique (PND), qu’il avait fondé, Jennifer Simons. « Nous lui sommes reconnaissants pour sa vision, son courage, son dévouement inlassable et son amour pour notre pays », a-t-elle ajouté.