Les films de sport, au Japon [et ailleurs], suivent généralement un arc narratif du type “zéro qui devient héros”, avec pour point d’orgue une grande compétition cruciale. My Sunshine, le second long-métrage de Hiroshi Okuyama, reprend cette trame, mais pour la mettre au service d’une histoire d’apprentissage qui, si elle met en scène de jeunes patineurs artistiques, est plus riche et profonde que ce à quoi le genre nous a habitués.
Fondé sur un scénario original du réalisateur [né en 1996, à Tokyo], qui a pratiqué le patinage et a participé à des compétitions pendant sept ans, le film se distingue en outre par son côté très personnel.
L’entraîneur à l’écran, interprété par un Sosuke Ikematsu pleinement engagé, parle et bouge comme un vrai professionnel, loin de l’approximation habituelle des films sportifs. Et les scènes de patinage, tournées au plus près par Okuyama sur une paire de lames, combinent réalisme et lyrisme à un degré rare, le tout étant rehaussé par la douceur de l’éclairage : les deux vedettes baignent dans une lumière élégiaque qui évoque la joie et la grâce de la jeunesse.
Un trio plein de non-dits
Ce film est cependant plus qu’une ode magnifiquement filmée au patinage et à ses athlètes. Le personnage principal, Takuya (Keitatsu Koshiyama), est un collégien rêveur et bègue. Il n’est bon dans aucun des deux sports de prédilection de sa ville du nord de l’archipel, non nommée : le base-ball et le hockey sur glace. Dans un seishun eiga (film sur l’adolescence) typique, tout cela ferait de lui la cible de brimades, mais dans My Sunshine il est accepté par son entourage et bénéficie du soutien indéfectible d’un ami proche.
Un jour, il assiste par hasard à l’entraînement de patinage artistique d’une fille de son âge, Sakura (Kiara Nakanishi), à la patinoire locale. En la voyant glisser et sauter avec assurance sous l’œil attentif de l’entraîneur Arakawa (Sosuke Ikematsu), il a comme une illumination. Peu après, on le voit tenter maladroitement d’exécuter tout seul des figures de patinage artistique.
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