Le premier ministre social-démocrate sortant, le pro-européen Marcel Ciolacu, a été reconduit lundi 23 décembre à la tête du gouvernement après la constitution d’une coalition contre l’extrême droite, en forte ascension. « Je désigne comme premier ministre Marcel Ciolacu », a déclaré le président libéral, Klaus Iohannis. « Je lui souhaite beaucoup de succès pour la nouvelle coalition proeuropéenne », « capable de gérer le calendrier de la future élection » présidentielle à laquelle les pro-européens vont proposer une candidature unique.
« Nous avons un accord politique », avait annoncé plus tôt M. Ciolacu, reconnaissant que sa tâche ne serait « pas facile » après le récent chaos électoral. « Notre devoir est avant toute chose de défendre les valeurs démocratiques, dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord [OTAN] », a-t-il ajouté.
Selon cet accord, la nouvelle majorité issue des législatives du 1er décembre emmenée par le Parti social-démocrate, arrivé en tête avec 22 % des voix, sera appuyée par les libéraux du Parti national libéral, comme lors de la précédente législature. Mais aussi cette fois par l’Union démocratique des Magyars de Roumanie, parti de la minorité hongroise, et par le Groupe parlementaire des minorités nationales (GPMN).
Ce nouveau gouvernement est affaibli par la montée inédite de l’extrême droite dans ce pays du flanc est de l’OTAN, qui joue un rôle crucial dans le soutien à l’Ukraine, avec qui il partage une longue frontière. Car le parti d’extrême droite Alliance pour l’Unité des Roumains (AUR) a récolté 18 % des voix aux législatives et au total, les trois partis du bloc nationaliste représentent désormais 32 % des électeurs, soit plus du triple du score enregistré en 2020 par AUR, alors seul en lice.
« Un gouvernement illégitime », selon l’extrême droite
D’autant que la formation de cette majorité intervient après un coup de théâtre sans précédent, l’annulation le 6 décembre de la présidentielle par la Cour constitutionnelle, à deux jours du second tour. Auparavant, les autorités avaient déclassifié des documents des services de renseignement étayant les accusations sur le rôle « massif » de TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur, l’UE ouvrant par ailleurs une enquête.
Au premier tour, le candidat nationaliste Calin Georgescu était arrivé en tête à la surprise générale, balayant les favoris dans les rangs des partis de gouvernement et provoquant un séisme politique. Critique de l’Union européenne et de l’OTAN, relativement inconnu, cet ancien haut fonctionnaire de 62 ans dont le message « Roumanie d’abord », devenu viral, a séduit une partie de la population lassée des partis traditionnels, s’est déclaré en faveur d’un arrêt total de l’aide militaire à l’Ukraine. A l’annonce de l’annulation, il avait dénoncé un « coup d’Etat » et estimé que la « démocratie était en danger ».
Le nouveau gouvernement roumain devra organiser le scrutin et les forces politiques composant la majorité se sont mises d’accord pour avoir un candidat commun à la présidence. « Nous avons convenu que ce candidat serait Crin Antonescu », un ancien président libéral du Sénat âgé de 65 ans et arrivé troisième à la présidentielle en 2009, a déclaré le représentant des libéraux, Ilie Bolojan.
Dan Tanasa, porte-parole du parti AUR, a dénoncé, dans un communiqué de presse un « simulacre démocratique », « toutes les procédures ayant été forcées » pour mettre en place « un gouvernement illégitime ».