Les partisans d’Imran Khan, de loin l’homme le plus populaire du Pakistan, ont quitté le centre d’Islamabad, mercredi 27 novembre au matin. Des affrontements de la veille, il ne restait que des carcasses de voitures et des débris. Les autorités auront attendu que la nuit tombe, mardi soir, pour lancer leur opération et disperser les supporteurs de l’ancien premier ministre (2018-2022), incarcéré depuis août 2023 et poursuivi dans des centaines d’affaires pour avoir ébranlé la toute-puissance militaire.
« Les forces de sécurité ont attaqué des manifestants non armés et ont tiré à balles réelles. Beaucoup ont été blessés, d’autres sont morts. Nous n’avons pas de chiffres pour le moment », a affirmé, mardi soir, Faisal Amin Khan Gandapur, député du Pakistan Tehrik-e-Insaf (Mouvement du Pakistan pour la justice, PTI), le parti d’Imran Khan.
Pour répondre à l’« ultime appel » à manifester de leur champion, les partisans de M. Khan ont défié le gouvernement, qui avait interdit leur rassemblement. Les cortèges se sont mis en marche dimanche 24 novembre en partant du Pendjab, fief politique d’Imran Khan, et du Khyber Pakhtunkhwa, bastion du PTI, pour converger vers la capitale. Les manifestants se sont heurtés à des blocages importants à travers le pays, mais des milliers d’entre eux ont commencé à atteindre Islamabad, mardi matin.
Islamabad en état de siège
La capitale, qui accueillait la visite du président biélorusse, Alexandre Loukachenko, avait été placée en état de siège. Des conteneurs avaient été posés en travers des routes. Quelque 20 000 membres des forces de sécurité avaient été déployés. Les écoles avaient été fermées, et aucun quartier n’a échappé à des coupures d’Internet et de téléphonie mobile.
Rien de cela n’aura suffi à décourager les manifestants, qui ont bravé barricades et tirs de gaz lacrymogène pour entrer dans une zone hautement sécurisée de la capitale, aux abords des sièges des institutions du pays, où ils avaient prévu de tenir un sit-in pour réclamer la libération de l’ex-premier ministre.
Tout au long de leur parcours, ils ont été galvanisés par l’épouse de M. Khan, Bushra Bibi, tout juste sortie de prison, après avoir été libérée sous caution. Aux côtés du chef de l’exécutif de la province du Khyber Pakhtunkhwa, Ali Amin Gandapur, elle menait l’un des cortèges, à bord d’un imposant camion hautement sécurisé et débordant de partisans. Bushra Bibi, présentée comme une guérisseuse soufie, dont le visage est toujours dissimulé derrière un voile, a fui avant d’être arrêtée, dans la nuit de mardi à mercredi. A l’instar de M. Gandapur. « Tout ce que nous voulions depuis le premier jour, c’était un rassemblement pacifique. Pourquoi créer tant de grabuge ? », regrette Zulfi Bukhari, ancien collaborateur d’Imran Khan.
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