Le géant technologique chinois Huawei a dévoilé mardi son premier smartphone équipé d’un système d’exploitation entièrement développé en interne, une étape cruciale dans sa volonté de contrebalancer la domination des leaders technologiques étrangers.
Les systèmes iOS d’Apple et Android de Google sont utilisés dans la majorité des appareils mobiles.
Mais Huawei cherche à inverser la tendance avec une nouvelle série de téléphones « Mate 70 », équipés de son système d’exploitation HarmonyOS Next.
Ce lancement marque un tournant majeur pour la firme, un temps paralysée par les sanctions américaines, mais dont les ventes ont rebondi depuis deux ans.
« Aujourd’hui, le très attendu Mate 70, le plus puissant jamais vu, est ici », a annoncé Richard Yu, président de la branche grand public de Huawei, lors d’une conférence depuis son siège de Shenzhen (sud de la Chine).
Les enjeux sont grands pour le groupe.
Car contrairement aux versions précédentes, conçues avec support Android, HarmonyOS Next nécessite l’adaptation des applications, chinoises comme étrangères, à ce nouveau système d’exploitation.
« HarmonyOS est le premier système d’exploitation maison » et représente « un jalon historique dans les efforts de la Chine pour réduire sa dépendance aux logiciels occidentaux », souligne auprès de l’AFP Gary Ng, économiste chez Natixis.
Les ventes ont débuté mardi soir en Chine peu après 18 heures.
Une heure avant l’ouverture officielle des commandes, une centaine de personnes faisaient déjà la queue devant un magasin Huawei du centre de Pékin.
– File d’attente à Pékin –
Deuxième dans la file, Zhang Nannan, 28 ans, dit avoir abandonné son smartphone Apple l’an dernier pour un modèle de chez Huawei car, selon lui, les photos sont de meilleure qualité, tout comme le signal téléphonique.
« Soutenir les produits chinois » était aussi une de ses motivations car « on doit innover, pour ne pas être à la merci des pays étrangers », souligne-t-il.
Huawei est au coeur des rivalités technologiques entre la Chine et les Etats-Unis, qui affirment, sans preuve, que les équipements chinois pourraient être utilisés à des fins d’espionnage. Des accusations fermement démenties par Pékin.
Depuis 2019, les sanctions américaines ont durement frappé la production de téléphones de Huawei, interdisant notamment au groupe l’utilisation de technologies et de composants américains.
Ce bras de fer pourrait s’intensifier avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump. Le magnat républicain a promis d’augmenter drastiquement les droits de douane sur les produits chinois importés.